vendredi 29 mars 2019

Arsène Lupin, L'aventurier T.2 : Contre Herlock Sholmès : La lampe juive

Titre : Arsène Lupin, L'aventurier, T.2 : Contre Herlock Sholmès : La lampe juive
Auteur : Takashi Morita
Édition : Kurokawa
Pages : 255
Note : 3 / 5

Le détective Herlock Sholmès reçoit un jour de la part d'un baron une demande d'enquête pour retrouver l'auteur d'un vol dont il a été victime. En parallèle, Lupin va user de tous les stratagèmes pour tenir Sholmès à distance de l'enquête. Les deux cerveaux vont ainsi s'affronter dans l'affaire de la lampe juive !




Avis de Cyrlight



Dans ce second tome d’Arsène Lupin, L’aventurier, le célèbre gentleman cambrioleur se confronte à celui qui est à la fois son rival et idole, Herlock Sholmès. L’enquête se déroule à Paris, sur les rives de la Seine, mais l’affaire, plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord, ne se limite pas à un simple vol...

Je n’avais pas été particulièrement séduite par le premier tome de ce manga, et je crains que le second ne m’ait pas davantage conquise. Il y a pourtant des éléments qui m’ont bien plu, notamment la relation ambiguë entretenue par Sholmès et Lupin (qui oscille entre admiration et rivalité, soif de victoire et volonté d’épargner l’autre...).

Malheureusement, c’est à l’œuvre dans son ensemble que je n’arrive pas à accrocher. Il faut dire que je ne suis pas particulièrement fan du genre policier, mais cela ne m’a pas empêché d’adorer la série Sherlock, ou encore l’excellente saga Sherlock, Lupin & moi (Irene Adler). Or, en l’occurrence, ça bloque.

Déjà, j’ai du mal avec les dessins. Ils sont pourtant très réussis dans l’ensemble, mais c’est au niveau des visages que le bat blesse. Avec ses oreilles et son menton pointus, Herlock m’a fait l’effet d’un horrible croisement entre un elfe et un gobelin, tandis que Lupin, avec son regard dément et ses canines acérées a des airs de vampire.

Qui plus est, leur personnalité n’est pas très attachante. Bien que Lupin soit finalement du bon côté de la morale (à défaut d’être de celui de la loi), sa nonchalance et son talent sont altérés par ce côté fou qu’il possède. On a plus l’impression d’avoir affaire à un être dérangé qu’à un véritable génie sûr de lui.

Quant à Sholmès, en dépit de sa grande intelligence, je n’ai pas apprécié ses nombreux coups de sang. Il s’énerve pour un oui ou pour un non, passe son temps à hurler et semble ne pas apprendre de ses erreurs, puisque même dans les dernières pages, il songe d’abord à arrêter Lupin avant de se laisser ramener à la raison par lui.

L’enquête en elle-même est intéressante à suivre, mais peut-être un peu trop rapide, notamment dans les passages d’action qui s’enchaînent très vite. On n’a pas vraiment le temps d’entrer dans l’histoire, ni même de s’impliquer dans le scénario (ce qui ne m’a paradoxalement pas empêché de deviner très vite qui était lié à Bresson).

Bref, cette version manga d’Arsène Lupin est correcte dans l’ensemble, et séduira probablement les fans du célèbre voleur, mais j’ai peur qu’elle ne soit pas pour moi. Je lirai le tome 3 car il est en ma possession depuis longtemps, mais je doute d’aller plus loin, à moins qu’il ne me fasse radicalement changer d’avis.

mardi 26 mars 2019

The Wicked Deep : La malédiction des Swan Sisters

Titre : The Wicked Deep : La malédiction des Swan Sisters
Auteur : Shea Ernshaw
Édition : Rageot
Pages : 395
Note : 4 / 5
C’est une histoire de vengeance... Il y a près de deux siècles, Marguerite, Aurora et Hazel Swan, trois jeunes femmes belles, libres et indépendantes, furent accusées de sorcellerie par les habitants de la ville de Sparrow. Des pierres accrochées aux chevilles, les trois sœurs furent noyées. Exécutées. Depuis ce jour, chaque année au mois de juin, les sœurs Swan sortent des eaux de la baie pour choisir trois jeunes filles, trois hôtes. Dans le corps de ces adolescentes, Marguerite, Aurora et Hazel reviennent se venger. Et cette année encore, Penny le sait, alors que les touristes afflueront, on retrouvera des cadavres de jeunes hommes sur la plage… Car cette malédiction, rien ne semble pouvoir l’arrêter.


Avis de Cyrlight



The Wicked Deep est un roman de Shea Ernshaw qui met en scène un univers plein de mystères, de magie et surtout de vengeance. Chaque mois de juin, la petite ville de Sparrow est victime d’une terrible malédiction, celle des Swan Sisters. Noyées dans le port deux cents ans plus tôt après avoir été à tort accusées de sorcellerie, elles prennent tous les ans possession du corps de trois adolescentes, qu’elles utilisent pour assassiner de jeunes hommes en guise de représailles.

Dans l’ensemble, ce roman a été une bonne lecture. L’univers écrit par l’auteur est assez sombre, plutôt glauque, même, et surtout tout sauf manichéen, ce qui est une réussite en soi. En effet, il est très difficile de prendre parti dans les évènements qui se produisent à Sparrow.

D’un côté, on a le village, peuplé de gens qui n’apprécient guère les étrangers, et qui se rendent d’abord coupables d’un procès de mascarade à l’époque des Swan Sisters, puis qui sombrent dans la passivité, acceptant sans ciller la malédiction, en dépit des pertes qu’elle cause. Et de l’autre, il y a lesdites Swan Sisters, accusées à tort, certes, mais si arrogantes et si provocantes qu’il est également difficile d’éprouver de l’empathie pour elles. À maintes reprises, j’ai songé, du moins pour Marguerite et Aurora, qu’elles méritaient plus ou moins leur sort.

Hazel est plus ambiguë, plus intéressante. Ses sœurs la tiennent pour responsable de leur mort, mais en réalité, c’est elle qui a souffert de leurs actes. Si elles n’avaient pas intensifié leur réputation de sorcière, peut-être les choses n’auraient-elles pas été si loin.

Quant à Penny, je ne sais pas vraiment quoi penser de son personnage, puisqu’on la connaît finalement assez peu, dans l’ensemble. La révélation la concernant m’a d’ailleurs laissée sceptique. On la sentait pourtant venir, et des indices abondaient dans ce sens, alors que d’autres, paradoxalement, incitaient à croire le contraire, notamment toutes ses pensées intimes tournant autour de son père.

Quant à la fin, j’ai apprécié qu’elle soit mitigée. Pas franchement bonne, mais pas spécialement mauvaise non plus. En revanche, la relation qui se noue entre Bo et Penny ne m’a pas particulièrement plu. Elle a un côté « substitut » assez désagréable, un sentiment que les dernières lignes ne font qu’intensifier.

The Wicked Deep est somme toute une lecture sympathique qui sort de l’ordinaire, même si quelques points concernant l’héroïne ne m’ont pas autant emballée que le reste. Un bon roman, donc, que je suis heureuse d’avoir lu. Merci pour cela à Babelio et aux éditions Rageot.

dimanche 24 mars 2019

La maison aux secrets

Titre : La maison aux secrets
Auteur : Catherine Robertson
Édition : Charleston
Pages : 412
Note : 3.5 / 5
Depuis que son petit garçon a été renversé par une voiture, cinq ans auparavant, April Turner vit dans une sorte de pénitence. Elle s'est écartée de tout ce qu'elle aime et entend bien continuer son existence ainsi.
Lorsqu'une lettre lui parvient de la part d'un notaire anglais, l'informant qu'elle est l'héritière d'une propriété abandonnée en Angleterre, appelée L'Empyrée, la jeune femme tente de résister mais, intriguée, elle décide de quitter temporairement la Nouvelle-Zélande pour le vieux continent. Elle va rencontrer des habitants étonnants, notamment Sunny, qui approche des 90 ans. Sunny a connu L'Empyrée lors de son âge d'or, et son histoire rend le passé encore plus vivant.
Mais April sera-t-elle prête à renoncer à ses principes pour, enfin, vivre à nouveau ?


Avis de Cyrlight



La maison aux secrets est un roman de Catherine Robertson, qui raconte l’histoire d’April, une femme qui s’efforce de vivre dans le dénuement depuis la mort tragique de son fils, dont elle se sent responsable. Elle apprend néanmoins un jour qu’elle est l’héritière d’une maison en Angleterre, et découvre progressivement le passé de son lointain parent, James.

Mon avis sur cette lecture est plutôt partagé. Il y a des points positifs, comme la plume de l’auteur, qui se lit vite et bien. Je l’ai trouvée un peu trop imagée au début, et j’ignore si je m’y suis habituée au fil des pages ou si cela s’est simplement estompé après quelques chapitres, mais en tout cas, cela ne m’a plus dérangée par la suite.

Les personnages secondaires sont également très agréables, très attachants, qu’il s’agisse de la pétillante Sunny, un tourbillon d’énergie de quatre-vingt dix ans, du cynique Edward ou encore du sympathique Oran. Tout comme April, on passe un excellent moment avec eux. En revanche, je n’en dirais pas autant de cette dernière.

Elle fait tout pour éviter que l’on s’attache à elle, qu’on la remarque, et cela fonctionne. Malgré le deuil par lequel elle a été frappée, je n’ai pas réussi à ressentir de l’empathie pour elle. Pire, je l’ai trouvée égoïste. Persuadée que la mort de son fils est de son fait, elle s’obstine depuis ce jour à mener une vie d’ascète. Pour cela, elle se coupe de toute relation : amis, proches... Elle a même quitté son mari, ce qui me semble assez cruel, car cela implique de tourner le dos à une personne qui traverse la même épreuve qu’elle, et qui aurait peut-être eu besoin du soutien de son épouse.

Qui plus est, je n’ai pas compris l’intérêt de se flageller à sa manière en se privant de tous les plaisirs de la vie. Certes, elle refuse de jouir d’un bonheur auquel son fils n’aura plus accès, mais à quoi cela rime ? Pourquoi ne s’est-elle pas suicidée, dans ce cas ? Une vie pour une vie, cela aurait presque paru plus cohérent. Elle aurait également pu se mettre au service d’autrui, accomplir de bonnes actions, au lieu de quoi, elle ne fait rien du tout. Sa punition, dans le fond, s’apparente surtout à un incommensurable gâchis, et les autres personnages semblent d’ailleurs plutôt de cet avis, au point de parvenir progressivement à l’arracher à sa coquille.

C’est surtout l’œuvre de Jack, un personnage énigmatique qui, parvenue à la fin du livre, m’a fait froncer les sourcils. Je pense avoir percé le mystère qui l’entoure, mais c’est si irrationnel que je n’en comprends pas l’intérêt, et encore moins ce que l’auteur a cherché à faire avec lui. A-t-elle tenté de distiller une goutte de magie dans son œuvre ?

La mort de James est également très trouble. Même une fois son histoire dévoilée, le prologue reste flou, et il n’est pas totalement possible de lui donner un sens. Qui plus est, même si James n’a jamais été particulièrement sympathique, j’ai trouvé son attitude vis-à-vis de Lily, puis de Rowan, absolument ignoble et inexcusable. Je ne me l’explique d’ailleurs pas.

La maison aux secrets est donc un roman avec du bon, du moins bon, et surtout des éléments très vagues qui ne sont pas toujours faciles à interpréter. Le meilleur moyen de vous faire une opinion est encore de le lire par vous-même.

mercredi 20 mars 2019

Pokémon : La grande aventure Or et Argent T.2

Titre : Pokémon : La grande aventure Or et Argent T.2
Auteur : Hidenori Kusaka
Édition : Kurokawa
Pages : 544
Note : 3.5 / 5


Alors que Or et Argent sont aux prises avec le mystérieux homme masqué, voilà qu'une nouvelle Dresseuse part à l'aventure ! Il s'agît de Cristal, envoyée par le Professeur Chen afin de compléter le Pokédex !





Avis de Cyrlight



L’arc Or et Argent se poursuit dans ce nouveau tome de Pokémon : La grande aventure. Cette fois, c’est une héroïne qui est au cœur de l’intrigue, la jeune Cristal, spécialiste de la capture. Elle est embauchée par le professeur Chen pour compléter le Pokédex, mais lorsque sa route croise celle du légendaire Suicune, elle n’a plus qu’un objectif en tête : l’attraper.

Contrairement aux tomes précédents que j’avais adorés, j’ai été un peu déçue par celui-ci. Il contient toujours de très bons éléments, notamment avec le mystère qui s’épaissit autour de l’Homme Masqué, mais il est surtout très répétitif.

En effet, une grande partie du scénario se concentre sur Suicune et sur les combats qu’il enchaîne face aux différents champions d’Arène. Cela se répète en boucle pour se conclure quasiment toujours de la même manière. Je déplorerai d’ailleurs toujours le côté un peu confus des scènes d’action.

À cause de cela, l’intrigue n’avance pas vraiment dans ce tome. Jaune est relativement effacée, et même Or et Argent tardent à faire leur réapparition. Cristal est quant à elle un personnage attachant, mais je n’ai pas trouvé ses péripéties trop exaltantes, car trop rattachées à la traque de Suicune.

Un point positif, tout de même. Je me suis réjouie de la personne sur qui s’est porté le choix final du pokémon légendaire. Je ne m’y attendais pas, redoutant un dénouement plus évident, et malgré les défauts de ce manga, j’ai hâte de lire la suite pour voir ce que cette association va donner.

En conclusion, ce tome est un ton en dessous des autres, à cause d’un scénario qui tourne un peu en rond, au point de piétiner par moments, mais il pose des bases importantes qui promettent de futures aventures palpitantes.

lundi 18 mars 2019

Où que tu sois...

Titre : Où que tu sois...
Auteur : Jackie French
Édition : Flammarion
Pages : 270
Note : 4.5 / 5

« Ma sœur Melanie a disparu le jeudi 4 mai à 11 h 35 du matin, il y a trois ans et sept mois. C'était un jeudi comme les autres... » Un beau jour, la sœur de Sara disparaît sans laisser de traces. A-t-elle été enlevée ? A-t-elle choisi de changer de vie ? Les hypothèses se succèdent, toutes plus folles les unes que les autres. Et aucune n'apporte de réconfort à Sara. Pourtant, une chose est sûre : même sans Melanie, la vie doit continuer. Où qu'elle soit...




Avis de Cyrlight



Où que tu sois... est un roman australien raconté du point de vue de l’héroïne, Sara, une adolescente qui vit seule avec son père depuis la séparation de ses parents, au contraire de Mel, sa sœur aînée, qui a choisi de suivre leur mère en ville. Mais un jour, Mel disparaît...

Ce roman est... spécial. Que ce soit dans sa narration, son intrigue... Il est vraiment d’un genre particulier et se démarque grâce à cela. Dès les premières pages, Sara décide de nous entraîner avec elle plusieurs années en arrière, à l’époque où elle a appris la disparition de sa sœur.

Au début, j’ai eu un peu de mal à me laisser emporter par le style. Ce n’est qu’un goût personnel, mais j’apprécie moyennement quand l’expression est plutôt familière, même si j’ai conscience que cela apporte une touche de réalisme au récit, notamment lorsqu’il est narré par une adolescente comme c’est le cas ici.

Au fil des pages, cependant, j’ai fini par m’immerger totalement dans le drame qui a frappé la famille de Sara. On ne peut pas vraiment dire que je me sois attachée à son personnage, mais malgré cela, j’ai été très touchée par son vécu et ses émotions.

Tout d’abord, j’ai beaucoup apprécié la façon dont elle dépeint Mel. Mel, la grande absente. Mel, si parfaite qu’elle en était presque agaçante. Mel, à la fois une sœur et une étrangère... Sara n’était pas proche de son aînée : elles se voyaient peu et il lui arrivait de l’envier, de la jalouser, mais en dépit de cela, elle l’aimait.

Je trouve que ses sentiments à la suite de la disparition de Mel sont parfaitement crédibles. Il y a de l’incompréhension, des questions (la si parfaite Mel pouvait-elle avoir des secrets ?) et même de la colère. Sara en veut à sa sœur de s’être volatilisée, que ce soit de son fait ou non, parce qu’elle souffre. Pas seulement de l’avoir perdue, mais aussi parce qu’à mesure que le temps s’écoule, elle prend conscience que sa vie ne pourra plus jamais être la même.

Toutes les théories et hypothèses qu’elle émet au fil des chapitres peuvent paraître tirées par les cheveux (et elles le sont), mais cela traduit son besoin désespéré de comprendre, et surtout de savoir ce qui a bien pu arriver à Mel. Je ne révèlerai pas la fin, mais l’auteur a fait un choix audacieux qui, aussi pénible soit-il, m’a séduite à sa manière. Je n’en aurais pas aimé un autre, et il était le plus légitime à la vue de l’orientation suivie par l’histoire.

Ce roman est une très agréable surprise, doublé d’un coup de cœur. Le seul reproche que je peux lui faire serait l’âge de Sara. Je sais qu’elle raconte son récit des années plus tard, et qu’elle a donc plus de maturité que sur le moment, mais il m’arrivait parfois d’en oublier à quel point elle était jeune, d’autant qu’elle fréquente plus ou moins un étudiant.

Ce n’est cependant qu’une légère ombre qui ne gâche en rien le tableau, et je ne peux que vous recommander cette excellente lecture. Si vous aimez les livres qui rendent perplexes et dont vous ressortez avec une multitude de questions, il est fait pour vous.


Coup de ♥ 

jeudi 14 mars 2019

Le pays du soleil rouge

Titre : Le pays du soleil rouge
Auteur : Elizabeth Haran
Édition : L'Archipoche
Pages : 552
Note : 2 / 5
Angleterre, 1941. Accusée d’avoir agressé le père d’un de ses élèves, Lara Penrose, une jeune enseignante, choisit pour éviter la prison de partir enseigner en Australie. Quand elle arrive à Shady Camp, bourgade reculée au nord de l’île continent, c’est le choc. D’abord, il n’y a pas d’école. Et puis la région est infestée de crocodiles. Mais Rick va régler le problème. Dès leur première rencontre, Lara est séduite par cet homme, éconduisant le Dr Jerry qui lui faisait jusque-là une cour assidue…
Des paysages exotiques et envoûtants, une héroïne qui doit lutter contre l’adversité pour trouver le bonheur et sa place dans la société… Sont ici réunis tous les ingrédients qui ont contribué au succès des sagas de Tamara McKinley, Sarah Lark ou Colleen McCullough.


Avis de Cyrlight



Le pays du soleil rouge est un roman d’Elizabeth Haran qui débute en Angleterre, où Lara, l’héroïne, est accusée d’une agression qu’elle n’a pas commise. Afin d’échapper à la prison, elle accepte de s’exiler deux années durant en Australie pour y exercer en tant qu’enseignante.

Le roman entre directement dans le vif du sujet. Lara se présente dans les écuries de l’employeur de son père, qui est également le parent de l’un de ses élèves. Homme colérique et exigeant, elle tient à s’entretenir avec lui à propos de son fils, mais il ne veut rien entendre et s’emporte, au point de s’assommer par inadvertance avec un râteau.

Débutent ainsi les ennuis pour Lara, car il prétend qu’elle l’a frappée. Elle est arrêtée par la police et, comble de malchance, cogne accidentellement l’un des agents chargés de l’interroger lorsque la manche de sa veste se déchire, ne faisant qu’aggraver son cas.

Outre le fait que la protagoniste aurait bien besoin d’une patte de lapin ou d’un trèfle à quatre feuilles, on n’a pas vraiment le temps d’apprendre à la connaître, et encore moins à l’apprécier, avant que ses malheurs commencent à s’enchaîner. Pire, la première image donnée d’elle est celle d’une fille relativement superficielle, si bien qu’en dépit de l’injustice dont elle est victime, j’ai eu du mal à éprouver de la compassion pour elle.

Cela s’est toutefois un peu arrangé par la suite. À défaut de vraiment m’attacher à elle, j’ai fini par lui trouver quelques qualités, notamment son professionnalisme en tant qu’enseignante. L’histoire en elle-même prend également une tournure plus intéressante dès l’arrivée de Lara en Australie, avec la mise en avant de la faune et la flore locale, des conditions de vie souvent pénibles dans cette contrée malgré tout fascinante et surtout grâce à la présence des sympathiques villageois de Shady Camp.

Je reprocherai néanmoins à la plume de l’auteur un gros manque de subtilité, qui ne laisse aucune place à l’interprétation. Les émotions des personnages sont beaucoup trop explicites, et même les dialogues sont ponctués d’indications pour souligner ce qu’ils éprouvent au moment où ils s’expriment, alors que c’est la plupart du temps relativement soupçonnable.

Qui plus est, j’ai trouvé ce roman trop plein de bons sentiments. Encore que, dans la première partie, cela donne juste un côté gentillet à l’histoire, mais par la suite, ça tourne au n’importe quoi magistral, et pour cause : tous les morts reviennent à la vie. Sérieusement. Et non, il n’est pas question de zombies, ce qui aurait pourtant pu être presque aussi crédible.

Attention, les lignes suivantes contiennent quelques spoilers. Tout commence avec le bombardement de Darwin. Lara et sa stagiaire sont à ce moment-là séparées de leur ami Colin, ce qui leur vaut de se croire mutuellement décédés. Pourquoi pas ? Cela offre un ressort scénaristique intéressant bienvenu. Puis c’est autour d’un Rick désespéré, parti à Darwin dans l’espoir d’y retrouver sa promise, de retour entre-temps, d’être prétendu mort. Bon... OK. Mais était-il vraiment nécessaire de le faire réapparaître pour ensuite le jeter dans la gueule d’un croco, tout cela pour qu’il s’en sorte une fois de plus par miracle ? Et, comble du comble, était-il franchement utile de faire intervenir la mère de Lara, censée être morte, mais en fait juste amnésique, mais en fait plus du tout ?

À partir de ce moment-là, j’ai eu le sentiment que l’histoire s’enlisait dans un comique de répétition pathétique. J’ai d’ailleurs éclaté d’un rire nerveux lorsqu’on apprend que Syd, présumé avoir explosé avec le bateau à bord duquel il était marin, est lui aussi toujours de ce monde. Parvenue à la fin, je crois que les personnages auraient pu rencontrer des espèces d’animaux éteintes que cela ne m’aurait même plus surprise... Fin des spoilers.

En conclusion, je dirais que le roman est correct dans sa première moitié, mais qu’il sombre ensuite dans une succession de rebondissements aussi répétitifs que tirés par les cheveux. Une grosse déception, à tel point que je ne suis même plus certaine de vouloir lire Étoiles dans le ciel du Sud, du même auteur, qui m’attirait pourtant.

mardi 12 mars 2019

Si près des étoiles

Titre : Si près des étoiles
Auteur : Kate Alcott
Édition : L'Archipel
Pages : 324
Note : 3.5 / 5
Julie Crawford n'a qu'un rêve en tête : rejoindre Hollywood pour devenir scénariste ! Ainsi décide-t-elle de quitter sa ville natale de l'Indiana pour gagner les prestigieux studios et leurs stars glamour. Mais, sur place, ses rêves se heurtent à la dure réalité des plateaux. Renvoyée par le très célèbre réalisateur d'Autant en emporte le vent, Julie croise par chance la route de l'actrice Carole Lombard, dont la liaison avec Clark Gable, toujours marié, fait grand bruit dans la presse à scandale.
Devenue l'assistante de Carole, Julie est aux premières loges de ce scandale qui éclabousse tout Hollywood et pourrait nuire à la publicité du film à succès que promet d'être Autant en emporte le vent...
Les passions tumultueuses du couple Gable-Lombard donneront-elles à Julie le courage d'ouvrir ses ailes et de se libérer de son passé ?


Avis de Cyrlight



Si près des étoiles est un roman de Kate Alcott, qui nous transporte dans l’Hollywood de la fin des années 30, au cœur du tournage mais aussi des scandales qui ont éclaboussé l’un des plus grands films de tous les temps : le mythique Autant en emporte le vent.

Merci beaucoup à Mylène, des éditions Archipel, qui m’a fait parvenir ce livre. C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai plongé dans cette histoire, et j’ai particulièrement apprécié de pouvoir découvrir l’envers du décor de mon film préféré.

Si je devais résumer ce roman en un mot, je dirais qu’il est déconcertant. En bonne fan que je suis, j’ai visionné Autant en emporte le vent à maintes reprises, et pourtant, pas une fois, je n’ai tenté d’imaginer comment avait pu se dérouler le tournage de ce monument. J’ai lu des anecdotes, évidemment, mais j’étais loin du compte.

L’auteur a assurément fourni un travail remarquable pour parvenir à reconstituer le labeur de David Selznick et de son équipe. Je dois avouer que, lors du tournage de la première scène (celle avec les jumeaux Tarleton), j’ai froncé les sourcils à la mention de la robe à fleur de Scarlett. Honte à moi d’avoir jugé trop vite, et j’ai bien failli éclater de rire quand le producteur a interrompu les acteurs pour en exiger une blanche.

À ce niveau, le roman frôle l’excellence. Pour ce qui est du reste, en revanche, mon avis est un peu plus partagé. Déjà, il m’a fallu un petit moment pour entrer dans l’histoire, car j’ai trouvé les premières pages un tantinet confuses : il m’a semblé difficile de savoir qui parlait, qui était qui... Mais heureusement, cela s’est rapidement amélioré.

Néanmoins, j’ai trouvé que l’auteur s’éparpillait dans trop de directions, sans vraiment aller jusqu’au bout de chacune d’elles. Seul le tournage d’Autant en emporte le vent est suivi de A à Z, et c’est finalement tout autour de lui que gravitent les autres intrigues : le couple Clark Gable - Carole Lombard, la question de la guerre en Europe, celle de l’antisémitisme, et surtout, évidemment, celle de l’héroïne, Julie.

Je dois avouer que j’ai eu du mal avec elle, même si mon jugement s’est quelque peu adouci avec le mot final de l’auteur, qui qualifie elle-même son personnage de « mademoiselle tout-le-monde ». En fait, le problème de Julie, c’est qu’elle semble vouloir paraître indépendante et suivre sa vocation de scénariste, mais elle est constamment prise en mains par les autres, en particulier par Carole, au point que j’en suis arrivée à me demander qui était finalement l’assistante de qui.

En effet, c’est Carole qui la conseille pour sa carrière, qui intervient en sa faveur à plusieurs reprises, qui s’immisce dans son couple avec Andy, qui va jusqu’à s’occuper de ses parents... Bref, c’est Carole qui fait tout. Il faut vraiment attendre les derniers chapitres pour que Julie paraisse enfin prendre véritablement les rênes de son destin.

En ce qui concerne la fin, j’ai été moyennement séduite, parce que la seule chose qui se termine en même temps que le livre, c’est le récit du film, mais pas celui des personnages. Certes, l’auteur nous informe du devenir des noms célèbres évoqués au fil des pages et nous glisse quelques hypothèses quant au destin de Julie et Andy, mais j’ai quand même eu globalement un sentiment d’inachevé, comme s’il ne s’agissait au final que d’un fragment d’histoire. Au point même d’en arriver à penser que le roman aurait été tout aussi bon (voire peut-être meilleur) sans Julie et son intrigue.

En conclusion, je dirais que ce livre est vraiment très bon au niveau de la partie historique, et plus précisément d’Autant en emporte le vent. Il ne fait aucun doute que les fans du film seront transportés comme je l’ai été. En revanche, Julie m’a beaucoup moins convaincue, ce qui est dommage.

lundi 11 mars 2019

The Promised Neverland T.2 : Sous contrôle

Titre : The Promised Neverland T.2 : Sous contrôle
Auteur : Kaiu Shirai / Posuka Demisu
Édition : Kazé
Pages : 192
Note : 4 / 5

Emma, Norman et Ray décident d’entraîner leurs petits frères et sœurs pour qu’ils soient capables de s’évader avec eux. Mais sœur Krone, la nouvelle assistante de Maman, ne cesse de contrarier leur plan et exerce une pression constante sur eux. Pour mener à bien leur projet, l’inséparable trio n’a d’autre choix que de révéler une part de la triste vérité à d’autres camarades… Mais à qui peuvent-ils se fier ?




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Dans ce second tome de The Promised Neverland, Emma, Norman et Ray continuent à préparer leur grande évasion. Pour cela, ils décident d’enrôler les deux autres aînés de l’orphelinat : Don et Gilda. Le problème ? Un traître se cache parmi les enfants, et ils doivent avant tout le démasquer, d’autant plus que « Maman » bénéficie désormais de l’aide de sœur Krone, bien déterminée à mettre des bâtons dans les roues de tout le monde.

Ce manga se poursuit d’excellente façon. L’œuvre a un côté enfantin qui contraste avec des scènes plus glauques et effrayantes (le calme machiavélique d’Isabella, le visage terrifiant de sœur Krone, la menace extérieure qui plane sur les enfants...), et l’histoire s’approfondit.

Au début, j’ai un peu été désemparée par la vitesse de déduction des trois protagonistes (même s’il est clairement établi depuis le début qu’ils sont de véritables génies), notamment lorsque Ray suppose, quasiment de but en blanc, qu’il y a une taupe parmi les enfants. La suite justifiera néanmoins cet éclair de lucidité.

Des alliances et des manigances se tissent dans ce tome. Don et Gilda rejoignent le trio, qui a cependant consenti à ne leur révéler qu’une partie de la vérité, et les dernières pages laissent craindre pour la pérennité de leur association si les deux nouveaux venus découvrent ce qui est réellement arrivé à la petite Conny. Quant à Norman, il est désormais pris entre deux feux, avec d’un côté Emma qui s’obstine à vouloir sauver tous les enfants malgré le risque que cela représente pour la réussite de leur entreprise, et Ray qui refuse catégoriquement de voir son plan sabordé par un excès de bons sentiments.

L’idée du loup pour entraîner leurs frères et sœurs est particulièrement bien trouvée, et elle tend d’ailleurs à faire pencher la balance en faveur des arguments de Ray, aussi durs soient-ils, puisque Emma est la seule du trio à se faire attraper par sœur Krone alors qu’elle tente de sauver deux enfants en même temps qu’elle.

La révélation finale sur William Minerva m’a donné l’impression de tomber un peu comme un chevet sur la soupe, mais le prochain tome nous éclairera sans doute davantage à ce propos. En attendant, il me tarde de le lire !

vendredi 8 mars 2019

Mais qui est Carmen Sandiego ?

Titre : Mais qui est Carmen Sandiego ?
Auteur : Rebecca Tinker
Édition : Hachette
Pages : 147
Note : 3 / 5
Cambrioleuse hors pair, Carmen Sandiego est pourchassée sans relâche par l'ACME Detective Agency et par Interpol.
Heureusement, la Femme en rouge, aussi appelée la Maîtresse du Crime, a toujours une longueur d'avance et poursuit ses exploits à travers le monde !
A ce jour, cette célèbre globe-trotteuse demeure insaisissable et sa mission, un troublant mystère...
En exclusivité dans ce roman passionnant, dérivé de la série animée signée Netflix, Carmen dévoile ses origines et ses aventures passées pour la toute première fois !




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Mais qui est Carmen Sandiego ? est un roman dérivé de la nouvelle série d’animation de Netflix, qui porte le nom du personnage éponyme. De quoi remettre au goût du jour la franchise de cette énigmatique voleuse, toujours vêtue de rouge.

Avant de débuter cette critique, il est bon de préciser que je suis une fan inconditionnelle de Carmen Sandiego. Je l’admire depuis des années, et elle a toujours été pour moi une grande source d’inspiration. Peut-être est-ce pour cela que j’ai été tant déçue par sa nouvelle version...

Car oui, ce livre m’a moyennement emballée, pas à cause de l’histoire en elle-même, mais de l’orientation prise par le personnage. Quand on connaît Carmen Sandiego de longue date, cependant, il est difficile de juger d’un œil objectif ce roman qui la métamorphose complètement.

Carmen a toujours été une voleuse. Mystérieuse, fascinante, dotée d’un charisme incroyable, portée par des ambitions tantôt démesurées, tantôt plus intrigantes... Mais une voleuse. Et c’est d’ailleurs cela qui faisait tout le sel du personnage : elle avait beau être du mauvais côté de la loi, on ne pouvait s’empêcher d’éprouver de l’admiration pour elle.

Mais ça, c’est terminé. Dans ce livre, Carmen est devenue la nouvelle Robin des Bois, qui combat l’injustice à sa manière et ne dérobe qu’aux voleurs des gains qu’elle redistribue ensuite pour la bonne cause. D’un personnage ambigu, on passe à quelqu’un de foncièrement gentil, qui n’œuvre que pour le bien. D’accord, c’est un concept sympa (quoique très manichéen), mais pitié, pas avec Carmen ! Inventez une nouvelle héroïne, mais ne reprenez pas celle qu’on connaît déjà pour balayer son caractère et n’en conserver que l’enveloppe.

Bon, ça, c’était mon petit coup de gueule de Carmenaddict. Maintenant, passons à l’histoire en elle-même. Je dois reconnaître que pour ceux qui découvriraient la franchise, elle peut présenter un certain intérêt, mais c’est tout de même un livre très orienté jeunesse, avec les défauts qui vont avec.

Tout d’abord, le roman est très court et très rapide. J’aurais aimé en savoir beaucoup plus sur les leçons dispensées à la VILE Academy, mais on doit en voir une demi-douzaine en tout, ce qui est très peu pour une année d’étude. L’intrigue manque de profondeur, et surtout de détails et de descriptions qui auraient pu la rendre plus fournie.

Quant aux personnages, intéressants de prime abord (si on passe outre mes griefs contre cette nouvelle Carmen), on bascule à la fin dans le manichéisme susmentionné, puisque non contente de former des voleurs, l’Académie les transforme également en tueurs (d’où la défection de la jeune Black Sheep). En ce qui concerne quelqu’un comme Tigress, qui a toujours été plus ou moins cinglée, ce n’est pas très surprenant, mais quid de Gray ? De la Chèvre ? D’El Topo ? Comment peuvent-ils brusquement accepter de devenir des meurtriers sans le moindre état d’âme, alors qu’ils ne semblaient pas plus cruels que Carmen ?

En conclusion, je dirai objectivement que ce roman manque de teneur. Il ne raconte qu’une histoire de surface, qui ne s’attarde pas suffisamment sur les détails et les points importants. Subjectivement, j’ajouterai que je n’aime pas, mais alors pas du tout cette héroïne qui n’a de Carmen Sandiego que le nom. Fans de toujours, vous risquez d’être comme moi très désappointés.

jeudi 7 mars 2019

Aberrations T.1 : Le réveil des monstres

Titre : Aberrations T.1 : Le réveil des monstres
Auteur : Joseph Delaney
Édition : Bayard Jeunesse
Pages : 352
Note : 3.5 / 5
Le Shole, un monstrueux brouillard, a englouti des régions entières de l'Angleterre et continue son expansion vers le nord. Ceux qui s'y trouvent piégés meurent ou sont transformés en créature immondes : les aberrations.
Dans le duché de Lancaster, Crafty, treize ans, est l'un des rares survivants qui peut traverser ces étendues maudites. Recruté pour servir au château, il devient l'apprenti d'une mystérieuse guilde qui l'envoie effectuer des missions dans les zones dangereuses. Mais bientôt, le garçon devine que les aberrations ne représentent peut-être pas le plus grand danger...



Avis de Cyrlight




Aberrations est la nouvelle saga de Joseph Delaney, également auteur du célèbre Épouvanteur et, plus récemment, d’Arena 13. Avec Le réveil des monstres, il nous embarque pour une histoire tout aussi frissonnante, celle de Crafty, un jeune garçon doté d’origines particulières qui lui permettent d’être recruté pour enquêter sur le Shole, un mystérieux brouillard qui gagne régulièrement du terrain et tue les êtres vivants normaux, quand il ne les change pas en monstres.

Je dirais que ce début de saga se place à mi-chemin entre l’Épouvanteur (avec les lieux qui rappellent le comté, les créatures obscures et dangereuses contre lesquelles il faut lutter, les compétences spéciales des Feys qui évoquent un peu celles des septièmes fils...) et Arena 13 (le Shole fait vaguement penser à la Barrière, derrière laquelle se trouve un monde hostile et mystérieux, fatal à presque tous ceux qui s’y aventurent).

Difficile de se prononcer avec un premier tome, mais je dirais qu’il est prometteur. J’ai d’abord été un peu rebutée par l’attitude de certains personnages, en particulier le Chef Mancien, qui est en dépit de ses qualités profondément injuste et aveugle. J’ai eu peur de voir l’intrigue s’enliser dans un « seul contre tous » (ou presque) de Crafty pendant que Vipère continuerait à agir en toute impunité, mais heureusement, ça n’a pas duré.

Remercions pour cela les personnages secondaires, plutôt plaisants dans l’ensemble. La reine du Marécage, guerrière féroce et redoutable, n’est pas sans rappeler une certaine Grimalkin, et se révèle vite comme une alliée de poids. Click, initialement très antipathique, montre par la suite un meilleur visage. Lucky est un peu effacé par rapport aux autres, et je lui souhaite un meilleur traitement par la suite. Quant au Duc, il est tout le contraire du Chef Mancien : juste, progressif, à l’écoute, et toujours désireux d’améliorer les choses. Je l’ai particulièrement apprécié.

L’intrigue en elle-même est assez riche en action pour ne pas s’ennuyer, même si, évidemment, il ne s’agit que d’une introduction à l’univers du Shole. Comme les mouches de porte, on découvre sur le tas ce qui se passe réellement à l’intérieur du brouillard, ainsi que les moyens mis en œuvre pour le contrer. Il ne fait aucun doute que l’on en apprendra (et comprendra) davantage au fil des prochains tomes.

Aberrations s’annonce donc comme une saga intéressante, et Joseph Delaney signe un premier tome plus que correct, qui plaira sans aucun doute à ses lecteurs habituels, et qui en séduira probablement de nouveaux. À suivre...

mardi 5 mars 2019

Call me by your name

Titre : Call me by your name
Auteur : André Aciman
Édition : Le Livre de Poche
Pages : 320
Note : 4.5 / 5
Elio Perlman se souvient de l’été de ses 17 ans, à la fin des années quatre-vingt. Comme tous les ans, ses parents accueillent dans leur maison sur la côte italienne un jeune universitaire censé assister le père d’Elio, éminent professeur de littérature. Cette année l’invité sera Oliver, dont le charme et l’intelligence sautent aux yeux de tous. Au fil des jours qui passent au bord de la piscine, sur le court de tennis et à table où l’on se laisse aller à des joutes verbales enflammées, Elio se sent de plus en plus attiré par Oliver, tout en séduisant Marzia, la voisine. L’adolescent et le jeune professeur de philosophie s’apprivoisent et se fuient tour à tour, puis la confusion cède la place au désir et à la passion. Quand l’été se termine, Oliver repart aux États-Unis, et le père d’Elio lui fait savoir qu’il est loin de désapprouver cette relation singulière…
Quinze ans plus tard, Elio rend visite à Oliver en Nouvelle-Angleterre. Il est nerveux à l’idée de rencontrer la femme et les enfants de ce dernier, mais les deux hommes comprennent finalement que la mémoire transforme tout, même l’histoire d’un premier grand amour. Quelques années plus tard, ils se rendent ensemble à la maison en Italie où ils se sont aimés et évoquent la mémoire du père d’Elio, décédé depuis.


Avis de Cyrlight



Call me by your name, également publié sous le titre Appelle-moi par ton nom ou encore Plus tard ou jamais, est un roman d’André Aciman dans lequel le protagoniste, Elio, retrace l’été de ses dix-sept ans, marqué par son histoire avec Oliver, un étudiant américain hébergé par ses parents pendant six semaines.

Je ne vais pas mâcher mes mots : j’ai eu un énorme coup de cœur pour ce roman. Il n’est pas exempt de défauts, et certains passages m’ont même déplu, comme j’y reviendrai plus bas, mais dans l’ensemble, il m’a bouleversée. J’irais même jusqu’à affirmer que c’est la seule histoire dont Picsou n’est pas le héros qui a réussi à me tirer des larmes.

Le style de l’auteur est excellent, quoique parfois complexe. Il ne faut pas décrocher un seul instant, car la narration suit les pensées d’Elio et les retranscrit parfaitement grâce à un style décousu, où ses réflexions s’enchaînent les unes à la suite des autres avec un réalisme troublant.

Le scénario en lui-même est poignant. Dès le début, on se laisse happer par les regards glissants et les conversations détournées que s’échangent Elio et Oliver. Je crois que ce qui m’a le plus interpellée dans ce roman, c’est à quel point il est facile de s’identifier aux réactions du protagoniste. Ses questionnements, ses ressentis, ses désirs... À maintes reprises, je me suis reconnue à travers cela, alors que ce n’est pourtant pas un personnage qui m’est particulièrement proche.

J’ai eu en revanche plus de mal à accrocher aux personnages secondaires, que j’ai trouvé assez fades dans l’ensemble, à l’exception de l’adorable Vimini, ainsi qu’au milieu dans lequel ils évoluent. Cette maison où tout le monde est toujours le bienvenu, où les gens sont tous plus serviables les uns que les autres... Un cadre de vie si idyllique qu’il en paraît ennuyeux à mes yeux, mais peut-être est-ce précisément le sentiment que l’auteur cherchait à faire passer.

Si l’évolution progressive de la relation entre Elio et Oliver m’a absolument conquise, je n’en dirais pas autant de la troisième partie de l’œuvre, qui m’a assez déroutée. Un euphémisme pour ne pas dire que je l’ai détestée. Je conçois l’importance de ce passage qui expose le couple formé par Elio et Oliver à un autre contexte, plus public, mais cela ne change rien à mon opinion. Les longues explications sur le poème du syndrome de San Clemente, les histoires sur la Thaïlande, les conversations interminables... En fait, et je crois que c’est cela qui m’a déplu, j’ai trouvé Elio et Oliver bien trop écrasés par ce qui se déroule autour d’eux, alors qu’ils étaient jusque-là au cœur même de l’intrigue.

La quatrième partie, en revanche, est superbe. Pendant de nombreuses pages, je me suis questionnée sur la véritable nature des sentiments d’Oliver, qui s’éloigne progressivement d’Elio au point de ne même pas réagir lorsque celui-ci l’appelle par son nom. Finalement, l’auteur joue sur l’ambiguïté, puisqu’on finit par découvrir que cette indifférence n’est qu’une façade, et on ne peut avoir qu’un goût de gâchis en bouche à la pensée de cette « vie parallèle » que les deux protagonistes auraient pu vivre s’ils avaient fait d’autres choix (en particulier Oliver).

Je crois que le roman n’aurait pas pu se terminer de plus belle façon que par la phrase qui le conclut, et qui résume quasiment à elle seule toute l’histoire, celle d’un amour éphémère dont le souvenir a pourtant survécu, aussi fort et aussi intense, aux affres du temps.

Call me by your name, c’est un hymne au désir, une ode à la fois poétique et sensuelle, bien que certains passages soient parfois si crus qu’ils ont réussi à me mettre mal à l’aise. Il flotte aussi entre ces pages un parfum de mélancolie, celui du premier amour, qui nous frappe en plein cœur.

En conclusion, ce livre est un petit bijou qu’il faut lire impérativement. En dépit des points négatifs que j’ai relevés ci-dessus (et qui n’engagent que moi), j’en garderai un souvenir impérissable, car je n’ai lu que peu d’histoires qui m’ont autant touchée que celle-ci.


Coup de ♥