mercredi 29 novembre 2017

Cesare T.3

Titre : Cesare T.3
Auteur : Fuyumi Soryo
Édition : Ki-oon
Pages : 220
Note : 5 / 5
Alors qu’au Vatican, le pape est sur son lit de mort, la rivalité entre Rodrigo Borgia et Giuliano Della Rovere s’intensifie. Les deux camps s’organisent : Cesare parvient à obtenir le soutien de l’archevêque de Pise, tandis que Giuliano charge un espion d’assassiner le jeune homme ! Mais celui-ci quitte la ville pour Florence, où il doit rencontrer Lorenzo de Médicis. Les deux familles ont en effet un objectif commun : stabiliser la situation à Pise et faire en sorte que Giovanni devienne enfin cardinal. Pour y parvenir, Cesare encourage le grand banquier à se réconcilier avec Raffaele Riario en collaborant à la création d’une manufacture de textiles…



Avis de Cyrlight



Après un second tome plus éparpillé, ce troisième volume de Cesare se recentre sur l'université de la Sapienza et les personnages principaux. On y retrouve un Angelo qui s'interroge à propos de l'absence de Cesare, en voyage à Florence, et qui s'attire des ennuis, une fois n'est pas coutume.

Sa franche naïveté lui attire encore les foudres des Français, et surtout d'Henri, ce qui débouche sur une excellente scène de corrida, avec nul autre que Cesare dans le rôle du matador, ce qui nous offre une nouvelle occasion d'admirer toute l'étendue de son charisme.

Si ses qualités de meneur sont indiscutables, il dévoile en plus dans ce tome une autre facette de sa personnalité, beaucoup plus sombre, qui commence à apparaître sous son visage d'ange. Intelligent, calculateur et manipulateur, il serait presque sans égal sans l'apparition d'un nouveau personnage...

... Qui n'est autre que Niccolo Machiavelli en personne, chargé d'espionner pour le compte de Florence. Grâce à d'habiles stratagèmes, qui incluent Angelo, il parvient à se mettre en relation avec Cesare, et tous deux conviennent d'une alliance.

Les protagonistes s'étoffent, gagnent en importance et en profondeur, à l'exception de Giovanni qui se démarque par son inutilité chronique et n'en devient que plus agaçant. La relation entre Cesare et Miguel est toujours aussi fascinante, sans parler du rapprochement progressif entre ce dernier et Angelo, qu'il n'hésite pas à mettre en garde contre Cesare lui-même. C'est cette ambiguïté qui fait tout l'intérêt des deux Espagnols.

L'histoire en elle-même progresse à son rythme et continue à nous abreuver d'anecdotes historiques toutes plus passionnantes les unes que les autres. Les dessins sont précis, raffinés et on ne se lasse pas de les parcourir des yeux. Ce manga qui se bonifie de tome en tome sait captiver le lecteur, si bien qu'on en redemande.


Coup de ♥ 

mercredi 22 novembre 2017

La Sélection T.1

Titre : La Sélection T.1
Auteur : Kiera Cass
Édition : Robert Laffont
Pages : 343
Note : 2.5 / 5
Elles sont trente-cinq jeunes filles : la Sélection s'annonce comme l'opportunité de leur vie. L'unique chance pour elles de troquer un destin misérable contre un monde de paillettes. L'unique occasion d'habiter dans un palais et de conquérir le coeur du prince Maxon, l'héritier du trône. Mais pour America Singer, cette sélection relève plutôt du cauchemar. Cela signifie renoncer à son amour interdit avec Aspen, un soldat de la caste inférieure. Quitter sa famille. Entrer dans une compétition sans merci. Vivre jour et nuit sous l'oeil des caméras... Puis America rencontre le Prince. Et tous les plans qu'elle avait échafaudés s'en trouvent bouleversés...




Avis de Cyrlight




La Sélection est le premier tome d'une saga dystopique où les États-Unis sont devenus un royaume nommé Illéa et où America, l'héroïne, est sélectionnée afin de participer à une téléréalité, qui a pour but de trouver une épouse au prince. Le problème, c'est qu'elle est déjà amoureuse.

Tout d'abord, ceux qui ont lu Hunger Games ne pourront s'empêcher d'établir de nombreux parallèles avec ce roman. Plus les castes sont basses et plus les gens meurent de fin, la téléréalité (mis à part que l'arène est un palais), le triangle amoureux, le présentateur exubérant... Difficile de passer à côté !

Pour ce qui est de l'histoire en elle-même... C'est creux. C'est très très creux. Le contexte géopolitique n'est absolument pas exploré (on se contente de deux ou trois lignes à l'occasion), alors qu'il y aurait tant eu à dire, notamment sur les rebelles. Et comment la famille royale peut-elle être aussi appréciée, en particulier par ceux qui vivent plus ou moins dans la misère ? Ils sont tout de même responsables de la situation du pays, non ?

Cela vaut aussi pour l'époque. La Sélection se déroule trois cents ans dans le futur, mais les gens ont encore des téléphones portables et des télévisions ordinaires, ils voyagent en avion... À l'allure où la technologie évolue, celle mise en scène est beaucoup trop proche de la nôtre pour qu'on puisse croire que tant d'années se sont écoulées.

Les personnages ne s'en sortent guère mieux. America est une héroïne rebelle comme on en voit beaucoup trop souvent pour qu'elle se démarque du lot, ce qui est assez ironique puisque ce trait de caractère est censé faire sa particularité. Aspen est versatile au possible et ses réactions semblent juste servir à faire rebondir l'histoire (sans parler de sa subite réapparition vers la fin) et Maxon est si gentil, si généreux et si bienveillant qu'il en devient insipide.

Enfin, l'intrigue ne présente aucun suspense. On s'attend déjà à tout ce qui va se passer. La sélection d'America, le prince qui la prend en affection, la guéguerre avec Céleste, l'intégration de l'Élite... À aucun moment on est véritablement surpris par la tournure prise par l'histoire, tout est trop attendu.

Si vous aimez les romances simplettes qui se lisent vite, alors vous apprécierez sûrement La Sélection, mais si vous cherchez quelque chose d'un tant soit peu profond, je vous conseille de passer votre chemin.

samedi 18 novembre 2017

Pour tout l'or du Sud

Titre : Pour tout l'or du Sud
Auteur : Alexandra Ripley
Édition : Archipoche
Pages : 526
Note : 3 / 5
Richmond, 1880. Chess Standish, la fille de l'une des plus anciennes familles de Virginie, épouse un obscur fermier de Caroline, Nathan Richardson, de sept ans son cadet. En ce lendemain de guerre civile, l'Amérique toute entière est à reconstruire, et la personnalité forte de Richardson, ses projets ambitieux, ont tout pour séduire Chess. Que Nathan l'ait épousée par intérêt lui importe peu: elle se résigne à n'être pour l'instant que sa brillante associée, car elle sait qu'elle transformera ce mariage de raison en une histoire d'amour...




Avis de Cyrlight



Pour tout l'or du Sud est un roman post-guerre de Sécession, qui se déroule dans les anciens États confédérés. Nathan, un jeune homme ambitieux et avide de nouvelles découvertes, accepte d'épouser Chess, plus âgée que lui, en échange des plans et de la maquette d'une machine avec laquelle il a l'intention de faire fortune. Ce mariage de raison se transforme cependant bien vite en amour du côté de Chess, qui entretient l'espoir secret de se faire aimer de son mari.

Chess est une femme forte, débrouillarde et intelligente. Vive et spontanée, on s'attache aussitôt à son personnage, appréciable pour son naturel, même si elle le perd un peu à mesure que son couple s'enrichit. La fille en salopette laisse place à une épouse élégante et bien mise, mais qui conserve toujours son franc-parler.

Si Nathan ne manque pas de courage et qu'il est prêt à tout pour atteindre ses objectifs, il mériterait bon nombre de gifles pour le guérir de son obsession pour Lily. Lily, un personnage présent dans le prologue et qui disparaît ensuite pendant près de trois cents pages, mais durant lesquelles son ombre ne cesse de planer, en particulier sur le bonheur de Chess. Même avant son retour, il est difficile de ne pas la haïr.

D'autres personnages, plus secondaires mais pas moins plaisants, rejoignent les protagonistes au fil de l'intrigue, comme les sympathiques Bobby Fred et Edith, la jeune Gussie... Mais aussi certaines figures historiques, comme Oscar Wilde, l'auteur du célèbre Portrait de Dorian Gray.

L'histoire se déroule sur plusieurs années, au cours desquelles on assiste à l'ascension sociale et économique de Nathan et Chess. Si le roman est agréable et joliment écrit, il est tout de même très plat. Il n'y a ni action, ni suspense, ni rebondissements. On se contente de suivre la vie du couple dans ses joies comme dans ses peines, jusqu'à la toute dernière page.

À cause de ce rythme monotone, ce livre ne laissera pas un souvenir impérissable. Il lui manque une étincelle, ou peut-être un peu de passion, pour faire toute la différence.

vendredi 10 novembre 2017

Joséphine Impératrice T.1

Titre : Joséphine Impératrice T.1
Auteur : Yumiko Igarashi
Édition : Pika
Pages : 189
Note : 3 / 5
XVIIIe siècle sur l’île de la Martinique, la jeune Rose Tascher de la Pagerie grandit entourée d’une famille aimante. Jeune fille issue de la noblesse, elle vit librement et simplement, bien loin des conventions et du faste de la vie parisienne. En 1779, à 16 ans, elle est mariée au vicomte de Beauharnais. Commence alors pour la jeune fille un dur apprentissage de la vie, entre un mari volage qui la délaisse et l’isolement dans un pays qu’elle ne connaît pas, la jeune femme s’endurcit sans jamais se départir de la bonté et de la générosité qui la caractérise. Elle va bientôt reconquérir sa liberté et son indépendance, mais en attendant, les prémices de la Révolution grondent déjà dans Paris...



Avis de Cyrlight



Joséphine Impératrice est un manga qui met en scène Antoine, aussi surnommé Agathon, et celle qu'il sert, la jeune Rose Tascher de La Pagerie, qui sera connue plus tard sous le nom de Joséphine de Beauharnais, épouse de Napoléon Bonaparte. Ce premier tome retrace l'enfance de la future impératrice, ainsi que son premier mariage avec Alexandre de Beauharnais.

Comme son héroïne le laisse facilement suggérer, il s'agit d'un manga historique, mais nous sommes bien loin de la profondeur et de la richesse d'un Cesare. Les faits sont dans l'ensemble survolés, les années s'enchaînent très vite et le contexte prend à peine le temps de se poser.

Rose apparaît comme une enfant assez capricieuse, ce qui va de pair avec la réputation de la Joséphine que la France a connue, mais également larmoyante à souhait. Cela donne une image assez mièvre du personnage, intensifiée par les fleurs et les fanfreluches qui l'accompagnent souvent.

Agathon est plus intéressant, même s'il n'est pas moins naïf que sa maîtresse par moments. C'est un garçon loyal et attentionné, qui serait prêt à tout pour Rose et pour ses enfants. Les craintes qu'il nourrit en fin de tome, de voir celle qu'il adore évoluer et se transformer au contact des femmes du couvent, le rendent encore plus attachant.

Les dessins sont parfois très beaux, et parfois beaucoup moins appliqués. On déplorera également le choix de la mangaka d'avoir choisi de représenter une Joséphine/Rose aux cheveux clairs, en dépit de celle, pourtant plus réaliste, qui orne la couverture.

C'est donc un manga rapide et facile à lire, qui séduira les fans de shojo ou ceux qui veulent découvrir plus simplement la vie de Joséphine de Beauharnais, mais qui décevra les amateurs d'Histoire avec un grand H, la mangaka préférant tabler sur la romance.

lundi 6 novembre 2017

Danish girl

Titre : Danish girl
Auteur : David Ebershoff
Édition : Libretto
Pages : 383
Note : 3.5 / 5
À Copenhague en 1925 Einar Wegener et Greta Wauld, son épouse, forment un couple original. Lui est petit, discret, peintre, délicat et reconnu. Elle, peintre également mais de moindre talent, est une grande américaine, blonde fortunée que l'on remarque. Tous deux mènent une vie confortable jusqu'au jour où Greta, en manque de modèle féminin demande à Einar de bien vouloir enfiler une paire de bas et d'escarpins pour qu'elle finisse son tableau. De cette demande innocente va naître le double d'Einar, Lili, qui petit à petit prendra le dessus sur celui qui l'a engendrée. David Ebershoff retrace ici l'histoire vraie d'un homme qui s'éveilla à la femme en lui et qui fut le premier à subir une opération pour changer de sexe.




Avis de Cyrlight




Danish Girl relate de façon très romancée la vie du peintre Einar Wegener/Lili Elbe, qui a subi l'une des premières opérations de réaffectation sexuelle, et de son épouse Gerda (rebaptisée pour l'occasion Greta Waud).

Comme l'auteur le précise lui-même, ce livre n'est pas une autobiographie. Même si certains faits respectent la réalité, d'autres sont complètement fictifs, comme les origines californiennes de Greta ou l'existence de certains personnages secondaires. Par conséquent, il est important de ne pas prendre pour argent comptant ce qui est évoqué au fil des pages.

Le début est long, très long. On s'enlise dans le passé des personnages, qu'il s'agisse de la jeunesse de Greta en Californie ou de l'enfance d'Einar dans les marais et on n'a qu'une hâte, celle de revenir au présent. À raison, d'ailleurs, car il est bien plus passionnant.

Il est intéressant de suivre dans ce livre la psychologie des différents personnages, et pas seulement celle d'Einar. On partage son malaise, le rejet de ce corps d'homme qui est le sien et la sérénité qu'il acquiert peu à peu grâce à Lili, mais aussi ce que cette métamorphose inspire à son entourage.

J'ai beaucoup apprécié les doutes de Greta et les sentiments paradoxaux qu'éveille en elle cette évolution. Elle veut le meilleur pour son mari, tout en ayant peur de le perdre, et elle tient à Einar, mais elle est aussi très proche de Lili, qui devient d'ailleurs sa muse. Son affection pour elle va jusqu'à l'inciter à s'effacer en présence de Hans, considérant que Lili serait mieux avec lui.

Sa tolérance est touchante, tout comme celle de Hans et de Carlisle. Ce dernier est un personnage particulièrement important, car venu en France pour soutenir sa sœur dans la situation complexe qu'elle traverse, il s'avère être aussi un soutien de poids pour Einar, qu'il accompagnera jusqu'à sa dernière opération.

Le fait que Greta préfère quitter l'Europe pour retourner aux États-Unis m'a un peu déçue, car j'aurais aimé qu'elle demeure auprès de Lili jusqu'au bout, après tout ce qu'elle a déjà fait pour elle (et ce en dépit de sa désapprobation finale).

La fin est un peu trouble. Quand on connaît l'histoire de Lili Elbe ou que l'on a vu le film adapté de ce roman, on devine aisément comment elle se conclut, mais sans cela, je ne dois avouer que je n'aurais probablement pas compris que l'oeuvre se clôturait par le décès de Lili. Cela n'en demeure pas moins très poétique.

En dépit de son début assez longuet, qui nécessite de prendre son mal en patience, ce roman est captivant. C'est un hymne à la tolérance, la différence et l'acceptation, des notions qui font encore cruellement défaut des décennies après la période à laquelle se déroule ce livre. C'est d'ailleurs l'une des principales raisons pour lesquelles je le recommande.