Auteur : Daphné du Maurier
Édition : Le Livre de Poche
Pages : 384
Note : 3 / 5
Philip, sans la connaître, déteste cette femme que son cousin Ambroise, avec lequel il a toujours vécu étroitement uni dans leur beau domaine de Cornouailles, a épousée soudainement pendant un séjour en Italie.
Quand Ambroise lui écrira qu'il soupçonne sa femme de vouloir l'empoisonner, Philip le croira d'emblée. Ambroise mort, il jure de le venger.
Sa cousine, cependant, n'a rien de la femme qu'imagine Philip. Il ne tarde pas à s'éprendre d'elle, à bâtir follement un plan d'avenir pour finir par buter sur une réalité de cauchemar.
Avis de Cyrlight
Ma cousine Rachel est une romance glauque et ténébreuse, récemment adaptée au cinéma. Philip, un jeune homme naïf élevé à l'écart des convenances par son cousin Ambroise, sombre dans la colère et la rancœur à la mort de celui-ci. Convaincue que sa veuve Rachel est responsable de ce décès soudain, il décide de se venger, jusqu'au jour où il fait la connaissance de cette troublante et non moins charmante femme.
La plume de Daphné du Maurier est particulière, et d'aucuns auront peut-être besoin de quelques dizaine de pages avant de commencer à s'y habituer, comme ce fut mon cas. Une fois cette étape passée, l'histoire semble glisser avec plus de fluidité et n'en devient que plus agréable, en dépit de quelques longueurs.
S'il ne fallait qu'un mot pour définir ce roman, ce serait assurément « ambiguïté ». Le personnage de Rachel fait la force de cet ouvrage : tantôt bienveillante, tantôt venimeuse ; tantôt irrémédiablement coupable, tantôt sûrement innocente...
Tout du long, on ne cesse de reconsidérer notre jugement à son égard, jusqu'au point final qui laisse planer le doute. À certains moments, la preuve de sa culpabilité paraît inéluctable, et quelques pages plus loin, les certitudes s'effondrent, encore et encore. Cela instaure une tension brillamment maîtrisée qui ne retombera jamais, pas même après la fin.
Philip, au contraire de son envoûtante cousine Rachel, est un personnage simple à cerner, d'une telle naïveté qu'il en devient vite agaçant. Fermement convaincu de l'implication de Rachel dans la mort d'Ambroise, il reconsidère bien vite sa position et la haine que cette femme lui inspire cède le pas à la fascination.
Même lorsqu'il a les accusations d'Ambroise entre les mains (au travers des lettres qu'il lui a écrites), il n'en tient pas compte, lui qui considérait pourtant son cousin comme son modèle, son dieu vivant. À la place, il préfère céder à Rachel tout ce que son défunt mari lui a refusé, par méfiance.
On ne peut que comprendre celle-ci lorsqu'elle traite Philip comme un enfant, car malgré ses vingt-cinq ans, c'est ce qu'il est. Crédule, impatient, capricieux et surtout jaloux, car c'est finalement sa jalousie envers Rainaldi qui l'incitera à agir, plus que ses intimes convictions.
Le revirement de Philip est peut-être un peu brutal, à la vue de tous les indices qui auraient pu l'encourager à changer son fusil d'épaule avant, mais cette fin tragique est nécessaire pour maintenir le doute. La principale chose que retiendra le lecteur, même une fois le roman clos, sera une question. Rachel était-elle coupable ou non ?
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