vendredi 7 septembre 2018

La dernière valse de Mathilda

Titre : La dernière valse de Mathilda
Auteur : Tamara McKinley
Édition : Archipoche
Pages : 567
Note : 2.5 / 5
Dans la chaleur étouffante du bush australien, Mathilda, treize ans, fait ses adieux à sa mère. Quelques voisins sont rassemblés autour de la tombe, pour rendre un dernier hommage à cette femme courageuse.
Un peu à l'écart, le père de Mathilda n'a qu'une hâte: que tout cela se termine afin qu'il puisse vendre le domaine de Churinga. Mathilda, elle, comprend que les choses ne seront jamais plus comme avant...
Cinquante ans plus tard, Jenny découvre le journal intime de Mathilda. A mesure que progresse sa lecture, l'angoisse l'assaille... A-t-elle bien fait de venir s'installer à Churinga ?



Avis de Cyrlight




La dernière valse de Mathilda est un roman qui prend pour décor l'outback australien. Jenny, citadine venue de Sydney après avoir hérité d'une station d'élevage, Churinga, découvre les journaux intimes de l'ancienne propriétaire et plonge dans la vie tourmentée de Mathilda.

Ayant adoré Les oiseaux se cachent pour mourir de Colleen McCullough, c'est tout naturellement que je me suis tournée vers les œuvres de Tamara McKinley, qui lui sont comparées. Grande fut ma déception à la lecture de celle-ci.

L'histoire débute de manière pourtant prometteuse, dans la première partie du XXème siècle, avec la jeune Mathilda, orpheline de mère, qui se retrouve seule avec un père alcoolique et violent, devenu aussi violeur.

Son histoire est intéressante à suivre, en dépit de sa noirceur et d'un léger manque de réalisme au tout début. Mathilda a beau être forte et courageuse, il est difficile de croire qu'une adolescente, enceinte de surcroît, ait pu gérer quasiment à elle seule toute une exploitation agricole.

L'histoire de Jenny, en revanche, est beaucoup moins palpitante, or c'est sur elle que se concentre la majeure partie du livre. Avec un début marqué par le deuil de son mari et son fils, on s'attend à un récit tout aussi poignant que celui de Mathilda, mais en réalité, il est mièvre et superficiel à souhait.

Les émotions de Jenny sont particulièrement mal développées : on passe les premiers temps à osciller entre « Ouin, j'ai perdu mon mari et mon fils » à « Oh, les magnifiques couleurs de l'outback que je vais pouvoir peindre », puis de nouveau « Snif, quel dommage qu'ils ne soient plus là » pour enchaîner avec « C'est lui le directeur de ma station d'élevage ? Plutôt beau gosse ».

Au final, l'idée de deuil n'est que très peu présente. Jenny se console très rapidement une fois à Churinga (ou plutôt auprès de Brett) et c'est à peine si elle évoque ensuite la perte de sa famille, hormis une fois de temps en temps, par bribes, comme s'il fallait impérativement le rappeler tellement cela ne transparaît pas dans son comportement.

Même sa relation avec Brett est agaçante au possible. Dès leur première rencontre, ils se prennent la tête pour des broutilles dignes d'une cour de récréation. Tout va bien, puis tout d'un coup, tout par en quenouille et tout recommence. Ces scènes sont tout bonnement inutiles et ne font qu'allonger le roman pour pas grand-chose.

D'un point de vue général, l'histoire de Jenny m'a laissée perplexe sur bien des points. Une grande partie des préoccupations de Brett tournent autour de la vente potentielle de Churinga, à croire qu'il n'existe aucune solution intermédiaire entre Jenny qui reste ou Jenny qui vend pour retourner à Sydney. Ne peut-elle pas conserver la propriété et encaisser les bénéfices rapportés par l'élevage sans pour autant y vivre ? D'autant qu'elle ne sert strictement à rien sur place, puisque que c'est Brett qui gère tout.

Au début, on apprend aussi que son mari avait fait des placements et qu'ils avaient finalement beaucoup plus d'argent qu'elle ne l'imaginait, si bien qu'elle s'interroge sur la raison qui a poussé Peter à garder le silence alors qu'ils avaient peine à joindre les deux bouts, puis... Rien. La question ne se pose plus par la suite. Sans parler des journaux intimes... Jenny passe apparemment des semaines, pour ne pas dire des mois, à Churinga. Comment se fait-il qu'il lui ait fallu si longtemps avant d'achever leur lecture, surtout qu'elle semblait impatiente de connaître le fin mot de l'histoire ?

(Attention, spoilers !) Enfin, à force de dénouer les secrets de famille, on sent venir de loin un lien entre Mathilda et Jenny. Ce que je ne suis pas sûre de comprendre, c'est cette histoire de fidéicommis. Pourquoi ne pas avoir simplement fait de l'enfant l'héritier légitime de Churinga ? Et comment Peter a-t-il pu racheter une station qui, légalement, appartenait à sa femme ? Sans parler du notaire qui, dans les premières pages du récit de Jenny, cherche absolument à la convaincre de vendre. (Fin des spoilers !)

C'est avec un avis très tranché que je ressors de ce roman. La partie centrée sur Mathilda est très bonne, mais celle de Jenny gâche tout. Dommage, car il y avait vraiment d'excellents éléments, mais qui ne suffisent pas à contrebalancer les mauvais.

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