lundi 30 juillet 2018

À l'ombre de l'arbre kauri

Titre : À l'ombre de l'arbre kauri
Auteur : Sarah Lark
Édition : Archipoche
Pages : 735
Note : 3 / 5
Nouvelle-Zélande, 1875. Lizzie et Michael cultivent l’espoir d’un jour posséder leur propre domaine. Mais ces perspectives heureuses sont soudain assombries par la disparition de leur fille adoptive, kidnappée par un chef maori… Pendant que Michael se démène pour retrouver sa fille, Kathleen – son ancienne fiancée – apprend une bonne nouvelle : son fils Colin rentre au pays. Mais nul ne mesure les conséquences de ce retour pour les deux familles…
Prenant pour toile de fond les paysages grandioses de la Nouvelle-Zélande, Sarah Lark fait la part belle à ses héroïnes, et au combat qu’elles mènent pour conquérir liberté et indépendance.



Avis de Cyrlight




Après avoir suivi les péripéties de Kathleen, Michael et Lizzie à l’autre bout du monde, place désormais à la nouvelle génération, portée par Matariki, une demi-maorie fille de chef, ainsi que Sean, Colin et Heather Coltrane. Dans À l’ombre de l’arbre kauri, les opprimés, qu’il s’agisse des femmes ou des autochtones, sont bien déterminés à faire entendre leur voix.

Si j’avais été assez emballée par Les rives de la terre lointaine, cette suite m’a quelque peu déçue. Je ne m’attarderai par sur les indénombrables répétitions qui me mettent toujours les nerfs à vif (pitié, l’auteur, le traducteur ou le correcteur, le récit n’en serait que meilleur si on ne subissait pas des « effectivement », « à coup sûr » et compagnie une fois par page, parce qu’au bout de sept cents, ça fait vraiment énorme !), mais plutôt sur le scénario en lui-même.

Sarah Lark se concentre cette fois-ci davantage sur l’Histoire avec un grand H, comme cela avait déjà été sensiblement le cas dans Le cri de la terre. Sans doute n’est-ce pas fait pour moi, car il s’agit de ses deux œuvres que j’ai le moins appréciées.

Non pas qu’il n’y ait pas d’éléments intéressants, car cela permet d’en découvrir toujours plus sur le fonctionnement politique de la Nouvelle-Zélande, et surtout sur la culture maorie, mais j’ai trouvé que le roman souffrait souvent de longueurs.

Le début, au contraire, est bien trop rapide. En l’espace de quelques dizaines de pages, trois années se sont déjà écoulées, laissant à peine le temps de prendre nos marques avec ces nouveaux personnages, alors que la suite se traîne par moments. Le rythme aurait gagné à être plus équilibré.

Le thème en lui-même me donne l’impression d’avoir été choisi pour coller avec les mouvements féministes actuels. Non que je reproche à l’auteur d’avoir voulu traiter de l’obtention de droit de vote des femmes, car après tout, la Nouvelle-Zélande s’est démarquée en étant le premier pays à l’accorder, mais plutôt de n’y avoir fait aucune allusion dans sa première trilogie (ou alors si discrète que cela ne m’a pas marqué), qui se déroulait approximativement à la même époque.

Qui plus est, certains personnages m’ont agacée par leur passivité. Si quelques-uns se battent pour leurs idéaux ou ce qui leur semble juste (Matariki, Heather et Sean pour ne citer qu’eux), Kathleen en particulier m’a fait grincer des dents plus d’une fois. Après tout ce qu’elle-même a traversé avec son premier époux, je la trouve étrangement peu encline à faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider cette pauvre Violet. Avec elle, c’est surtout : « Si elle peut rester, tant mieux, si son père veut continuer à la martyriser, c’est son droit. » Avec un fils juriste et une fille qui a pris la jeune orpheline en sympathie, on aurait pu s’attendre à plus de réactivité, surtout dans un roman axé sur les combats sociaux.

Enfin, pour conclure sur les points négatifs, je dirais que les situations sont un peu répétitives, au bout d’un moment. J’ai bien conscience que c’était sûrement le quotidien de l’époque, mais au final, on retrouve toujours dans les livres de Sarah Lark le même schéma classique du mariage malheureux ou de la souffrance des personnages avant l’irrémédiable happy end. Quelles que soient les épreuves auxquelles ils sont confrontés, ça se termine toujours bien pour les protagonistes. Sans parler du thème également récurrent du fils rapporteur entièrement dévoué au « mauvais » père (Paul, Colin, Joseph…).

Passons aux points positifs, à présent. Tout d’abord, j’ai énormément apprécié les références très récurrentes à la trilogie du Nuage Blanc, notamment avec le jeune Caleb Biller, qu’il est plaisant de retrouver après l’avoir connu jeune homme dans Le chant des esprits.

J’ai aussi aimé le paradoxe mis en valeur à travers ce roman, en particulier avec les Maoris. Ils sont plus ou moins considérés comme des sauvages par les Pakeha, alors qu’ils étaient bien plus ouverts d’esprit (au niveau de l’égalité homme-femme, par exemple) et tolérants que la plupart des Blancs. L’auteur ne tombe pas pour autant dans le manichéisme complet, puisque la violence sanglante de Kahu Heke contraste avec le pacifisme de Parihaka.

Du bon et du moins bon, donc, dans À l’ombre de l’arbre kauri, qui m’aura beaucoup moins séduite que le premier tome. Peut-être est-ce aussi dû à une certaine lassitude provoquée par la récurrence de plusieurs situations. M’enfin, si vous avez aimé les autres livres de Sarah Lark, il n’y a aucune raison pour que celui-ci vous déplaise.

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