lundi 23 octobre 2017

Cesare T.2

Titre : Cesare T.2
Auteur : Fuyumi Soryo
Édition : Ki-oon
Pages : 224
Note : 5 / 5
A peine arrivé à l'université de Pise, Angelo s'attire les foudres du fils de son protecteur, Giovanni de Médicis. Ignorant des usages du monde, le jeune homme commet bévue sur bévue et manque même de déclencher une rixe entre cercles d'étudiants... Le soir même, des inconnus masqués embusqués dans une ruelle tentent de le poignarder ! Secouru in extremis par Cesare Borgia, le Florentin est invité dans sa somptueuse demeure et, de fil en aiguille, les deux jeunes gens se lient d'amitié. C'est alors que l'Espagnol propose à Angelo de lui montrer la face cachée de la ville, sombre et miséreuse...



Avis de Cyrlight



Dans ce second tome de Cesare, on retrouve les personnages à l'endroit exact où on les avait laissés à la fin du premier. Cette fois, l'histoire se concentre moins sur le jeune Angelo, mais beaucoup plus sur les grandes figures de l'époque.

À Rome, on découvre les cardinaux, en particulier Rodrigo Borgia et son ennemi juré, Giuliano Della Rovere. Le ton est donné entre ces deux-là et leur haine, à l'approche de la mort du Saint-Père et du conclave qui s'ensuivra, est plus que palpable, tandis que des alliances s'organisent autour des deux camps.

À Florence, on fait la connaissance du charismatique et amateur d'art Lorenzo de Médicis, ainsi que de l'énigmatique Léonard de Vinci, dont l'intelligence et la finesse d'esprit ne manquent pas de désarçonner Cesare, qui le rencontre en même temps que le lecteur.

Si les personnages principaux du premier tome sont un peu moins présents, ils ne sont pas en reste pour autant. Angelo n'hésite pas à s'opposer à Cesare au cours d'un passionnant débat à la Sapienza, qui revisite L'Enfer de Dante et la sinistre histoire de la Tour de la faim.

La naïveté et la bienveillance du jeune homme sont toujours au rendez-vous, ce qui offre encore quelques situations cocasses, comme lorsqu'il présente ses excuses à un Cesare perplexe, tandis que celui-ci dévoile pour la première fois une certaine part d'ombre.

On en apprend davantage sur son passé, ainsi que sur celui de Miguel, grâce à l'intervention de leur ami Christophe Colomb. Cela met en lumière la relation à la fois fraternelle et complice qu'ils entretiennent tous deux, et lui donne tout son sens.

La culture occupe toujours une place prépondérante dans cette œuvre, avec les nombreuses références historiques et artistiques qu'elle contient. Beaucoup de thèmes d'époque, tels que la Reconquista, sont abordés, et enrichissent le manga autant que le savoir du lecteur.

Les dessins sont encore plus splendides que dans le premier tome et méritent sincèrement que l'on s'attarde sur eux, en particulier la représentation des lieux tels que la Chapelle Sixtine, que l'on n'aurait su imaginer sans la célèbre fresque de Michel-Ange.

On ne peut que ressortir conquis de ce manga. Il est dense, riche, amusant, esthétique... On passe vraiment un très agréable moment à la lecture et, une fois terminée, on n'aspire plus qu'à entamer la suite.


Coup de ♥ 

samedi 21 octobre 2017

Les proies

Titre : Les proies
Auteur : Thomas Cullinan
Édition : Rivages/Noir
Pages : 592
Note : 2.5 / 5
En pleine guerre de Sécession, un caporal nordiste échappe à un brasier et trouve refuge dans un pensionnat pour jeunes filles confédéré. Mais l'intrusion soudaine d'un mâle vient perturber la vie des huit femmes qu'abrite encore l'institution, huit recluses pétries de valeurs puritaines et de pulsions refoulées. Objet de tous les fantasmes, le soldat va s'employer à.. les incarner avec un art consommé de la manipulation, jusqu'à une nuit où tout bascule. Huis clos psychologique au suspense diabolique, ce roman sulfureux a été porté à l'écran une première fois en 1971 par Don Siegel, avec Clint Eastwood dans le rôle principal, puis par Sofia Coppola en 2017.




Avis de Cyrlight




Les proies est un roman historique, qui se déroule à l'époque de la guerre de Sécession. Le caporal McBurney, un soldat Yankee blessé lors d'une bataille dans le Sud, est découvert par Amélia, une fillette qui étudie à la pension Farnsworth. C'est donc là-bas qu'elle le ramène pour le soigner, dans cette demeure uniquement habitée par des femmes.

Commençons par le commencement. Le début est très long. Trop long. Chaque chapitre est narré du point de vue de l'un des personnages. Comme la narration est interne, on oublie vite qui est en train de parler et on se sent assez perdu. Les présentations sont très répétitives, puisque chaque protagoniste évoque les autres de son point de vue. Cela permet de découvrir les relations qu'elles entretiennent entre elles, mais une introduction plus condensée aurait été la bienvenue.

Ensuite, pour ce qui est de l'atmosphère, j'ai été très déçue. Le livre étant dépeint comme un thriller en huis clos, je n'ai pas trouvé cette angoisse palpable à laquelle je m'attendais. Tout au long de la première partie, nous avons affaire au Yankee qui se remet progressivement de sa blessure, soignée par la vénérable miss Martha, et qui embobine grâce à son talent de flatteur toutes les demoiselles et dames qui l'entourent.

Les hommes subissent souvent le reproche de ne pas penser suffisamment avec leur tête, mais les femmes mises en scène dans cet ouvrage peuvent essuyer la même critique. Quelques jolis mots, quelques compliments, de belles promesses et deux trois attouchements les jettent presque toutes aux pieds du caporal McBurney. De quoi lever les yeux au ciel face à tant de crédulité !

Si encore le soldat avait été charismatique, mais ce n'est pas le cas. Il ne cesse jamais de parler, encore et encore, sans la moindre élégance. Il en fait beaucoup trop pour paraître sincère, et ses bavardages incessants m'ont paru plus agaçants qu'envoûtants.

Les seuls personnages qui s'en sortent avec quelque honneur sont les deux benjamines, Amélia et Marie, probablement parce que leur jeunesse les protège des méfaits des hormones, et Emily qui, même si elle ne réussit pas toujours à tenir sa langue, sait garder la tête froide, ainsi que Mattie.

La passivité des autres m'a exaspérée. Comment miss Martha, qui semblait être la plus sage et la plus intransigeante de toutes, a-t-elle pu tolérer que le caporal demeure sous son toit après qu'il a visité une élève pendant la nuit ? Et comment, après avoir pris conscience de son instabilité, ont-elles pu continuer à le laisser agir à sa guise, alors qu'elles étaient huit face à un homme fraîchement amputé ?

Il faut attendre la fin pour qu'Amélia, qui avait pourtant beaucoup d'estime et aucun grief contre McBurney avant les derniers chapitres, prenne la situation en mains. C'est à se demander à quoi servent toutes les autres, y compris les adultes, puisqu'il faut qu'une fillette agisse pour que le problème soit enfin résolu.

Cette conclusion m'a néanmoins beaucoup plu, sûrement parce qu'Amélia était l'un des rares personnages que j'estimais, et que son acte n'a fait que lui donner plus d'intérêt encore, d'autant que c'est un revirement de situation assez inattendu.

J'ai aussi apprécié le développement du passé de certains personnages, comme celui d'Edwina, ou encore celui de miss Martha et de la relation plus que troublante qu'elle entretenait avec son frère, mais cela ne suffit hélas pas à effacer la déception que j'ai ressentie à la lecture de ce livre.

Des personnages peu appréciables, de nombreuses longueurs, l'absence d'angoisse et d'interminables dialogues, voilà ce que je retiendrai essentiellement de ce roman. Seule sa fin imprévisible contribue à le faire passer de médiocre à moyen.

mardi 17 octobre 2017

La Belle et la Bête : Le destin de Belle


Titre : La Belle et la Bête : Le destin de Belle
Auteur : Collectif Disney
Édition : Nobi Nobi
Pages : 192
Note : 2.5 / 5

Belle est fatiguée de sa vie monotone à la campagne. Pourtant, du jour où elle est faite prisonnière du château de la Bête, elle va se retrouver emportée dans une aventure magique allant bien au-delà de tout ce qu’elle aurait pu imaginer.






Avis de Cyrlight



En parallèle du Destin de la Bête, on trouve Le destin de Belle, autre volume de l'adaptation manga du film live des studios Disney. C'est toujours sans grande surprise qu'on (re)découvre l'histoire, mais avec tout de même moins de déception, puisque suivant le personnage de Belle, on ne s'attend pas à découvrir de nouveaux éléments sur une intrigue que l'on connaît déjà, contrairement à ce que l'on était en droit d'espérer du point de vue de la Bête.

Si les dessins sont globalement réussis dans l'ensemble, je n'ai pas accroché au design de Gaston. Bien loin d'un séducteur arrogant, j'ai eu le sentiment d'avoir affaire à un géant démesuré aux côtés d'une Belle qui paraît chétive et insignifiante, par comparaison.

Il en va de même pour la bibliothèque, où j'aurais beaucoup aimé voir un plan d'ensemble (à l'image de celui, légendaire, du dessin animé), mais où les illustrations restent trop centrés sur les protagonistes, au lieu de s'attarder réellement sur la majesté de l'endroit.

Au final, on retrouve là encore une simple copie « mangatisée » du scénario du film, si bien qu'un seul tome aurait amplement suffi, au lieu des deux, mais comme je l'ai dit dans ma critique du Destin de la Bête, il s'agit d'une œuvre purement commerciale. Par conséquent, la diviser en deux était un moyen simple et logique de s'assurer le double des bénéfices. Quel dommage que l'argent et la quantité priment à ce point sur la qualité, de nos jours.

vendredi 13 octobre 2017

Versailles : Le rêve d'un roi

Titre : Versailles : Le rêve d'un roi
Auteur : Elizabeth Massie
Édition : J'ai lu
Pages : 506
Note : 3 / 5
Versailles, 1667. Louis XIV a 28 ans. Pour soumettre la noblesse et imposer son pouvoir absolu, il lance la construction de Versailles comme on tend un piège. Louis XIV est un jeune roi hanté par un traumatisme d'enfance, la Fronde, une rébellion des nobles contre son père, Louis XIII. Une méfiance qui vire à la paranoïa. Il se révèle être un stratège politique hors du commun, manipulateur, machiavélique, et va «inventer» Versailles pour éloigner les nobles de Paris, les garder sous contrôle, et progressivement transformer le château en une prison dorée. Il est aussi capable de passions romanesques. Mais comment les vivre quand on est le plus grand roi du monde ? La Cour est alors le champ de bataille pour les amours sincères ou tactiques, tandis que la reine, Marie-Thérèse d'Autriche, fait tout son possible pour garder son roi… Saura-t-elle regagner son coeur face à l'une de ses influentes maîtresses, la séduisante soeur du roi d'Angleterre ? Les personnages historiques et fictionnels, du courtisan le plus en vue au plus humble des villageois, nous guident dans un monde de trahisons et de secrets d'alcôve, de manoeuvres politiques et de déclarations de guerre, révélant Versailles dans toute sa gloire et sa brutalité.



Avis de Cyrlight




Versailles : Le rêve d'un roi est l'adaptation romancée de la série éponyme diffusée sur Canal +. On y retrouve sensiblement les mêmes qualités et défauts que l'œuvre originale, à laquelle elle est presque parfaitement fidèle, à l'exception de quelques rajouts. On y suit un Louis XIV âgé de 28 ans, qui se lance dans le projet faramineux qu'est la construction du château de Versailles, le tout sur fond d'intrigues, de drames et de complots.

Dès le départ, il faut accepter le fait qu'il s'agit d'une histoire de fiction, inspirée librement d'événements historiques et, par conséquent, pas toujours fidèle à la réalité. Les fins connaisseurs du règne du roi Soleil se montreront sûrement tatillons, mais les autres ne bouderont pas leur plaisir et seront peut-être même curieux d'en apprendre davantage sur les grandes figures de l'Histoire mentionnées dans ce livre.

Les personnages, qu'ils soient réels ou inventés, sont tous très intéressants et très complexes. Louis est un roi préoccupé, pour ne pas dire torturé par les souvenirs de son passé, et la relation qu'il entretient avec son frère, le très charismatique et agréable Philippe d'Orléans, est d'une grande richesse. Les autres ne sont pas en reste non plus, avec la séduisante Montespan, le fidèle Bontemps, la douce Sophie... Ils ont tous leur caractère propre, ce qui les rend si appréciables.

Les rebondissements ne manquent pas et la fluidité de l'écriture permet d'engloutir les pages assez vite. Ceux qui ne connaissent pas la série seront sans doute happés par le suspense, mais risquent d'être un peu perturbés par la vitesse à laquelle les scènes s'enchaînent et le manque globale de description.

Pour ce qui est des défauts, on retrouve le nombre de scènes de sexe beaucoup trop élevé de la version télévisée, et qui sont presque aussi crues et superflues les unes que les autres. Quelques pensées ont été également rajoutées par l'auteur, sans doute afin d'améliorer la compréhension de l'intrigue, mais elles sont pour la plupart inutiles et superficielles.

En conclusion, il s'agit d'un roman qui satisfera grandement les fans de la série et qui pourra peut-être inciter les autres à visionner la première saison (et même la seconde) s'ils ressortent conquis de leur lecture.

samedi 7 octobre 2017

La dernière chanson

Titre : La dernière chanson
Auteur : Nicholas Sparks
Édition : Michel Lafon
Pages : 478
Note : 3.5 / 5
A l'âge de 17 ans, la vie de Veronica Miller, alias "Ronnie", est bouleversée par le divorce de ses parents et le départ soudain de son père, qui abandonne New York pour la Caroline du Nord. Elle lui en veut vraiment et refuse de le voir depuis la rupture... Jusqu'au jour où, trois ans plus tard, sa mère décide de l'envoyer passer un été avec lui, espérant une réconciliation. Le père de Ronnie, ancien pianiste et professeur, mène une vie paisible en bord de mer où il se consacre à la confection d'une oeuvre d'art. Dès son arrivée, Ronnie se rebelle et menace de partir. Mais bientôt, elle fait la connaissance de Will, un jeune homme du village, qui va faire chavirer son cœur. Baissant sa garde, va-t-elle enfin réussir à s'ouvrir au bonheur ?



Avis de Cyrlight




Dans La dernière chanson, Ronnie, une adolescente rebelle, est contrainte de passer l'été chez son père, à qui elle n'a pas adressé la parole depuis qu'il a quitté sa famille, trois ans plus tôt.

La première partie m'a laissé un avis très mitigé. L'histoire possède quatre narrateurs et les changements sont d'abord assez brutaux. On alterne entre Ronnie, son père, Will et Marcus (dont le point de vue est probablement dispensable) et il faut du temps pour prendre ses marques avec tout ce petit monde.

La narration est très familière, parfois même à l'excès. L'auteur (ou le traducteur) a sans doute voulu rendre le texte beaucoup plus réaliste, comme des adolescents s'exprimeraient à l'oral, mais à l'écrit, c'est très déstabilisant, pour ne pas dire parfois très lourd, à l'image de tous ces « OK ? » qui ponctuent les dialogues.

Inutile de le nier, les personnages sont, quant à eux, assez clichés. L'adolescente rebelle-mais-en-fait-non, le jeune homme qui possède toutes les qualités imaginables, l'ex profondément superficielle, l'antagoniste qui souligne le côté manichéen de l'histoire... Il n'y a que Blaze/Galadriel que j'ai eu beaucoup de mal à cerner, mais pas dans le bon sens du terme. Elle présente presque tout du long sa mère comme un être indigne, alors que celle-ci apparaît finalement comme quelqu'un de bien et d'attentionné, sans plus d'éclaircissements de ce côté-là.

Comme dit plus haut, la première partie n'est pas la plus intéressante. Tout est trop simple. Si la relation qu'entretient Ronnie avec son frère est plutôt agréable, sa réconciliation avec son père survient beaucoup trop facilement. Pareil pour la romance avec Will, qui démarre très vite.

La seconde moitié de l'histoire est beaucoup moins décevante. La révélation concernant l'état de santé de Steve (bien qu'il soit facile de l'anticiper) marque le renversement du roman. Les sentiments sont par la suite beaucoup plus creusés et on se laisse vraiment porter par l'émotion, ce qui n'était pas le cas avant.

Les agnostiques tels que moi seront peut-être un peu rebutés par les longs discours portant sur le divin, mais seront touchés par le chagrin de Ronnie lorsqu'elle apprend la vérité. La culpabilité, les regrets, l'envie de profiter des derniers instants... Tout est décrit avec une sincérité et une justesse appréciables, sans sombrer dans le pathos.

La dernière chanson est donc un livre qui peut sembler un peu naïf, pour ne pas dire mièvre, dans sa première partie, mais qui gagne en richesse et en profondeur par la suite, et le rend nettement plus agréable. C'est pourquoi je conseille à ceux qui le liront de ne pas arrêter leur lecture en chemin, au cas où l'envie leur en prendrait, car ils risquent de rater ce que cette œuvre a de meilleur à offrir.