jeudi 25 juillet 2019

Au pays de l'Ailleurs

Titre : Au pays de l'Ailleurs
Auteur : Tahereh Mafi
Édition : Michel Lafon
Pages : 397
Note : 3 / 5
« Il était une fois une petite fille délaissée… »
Avec sa peau pâle et ses cheveux de neige, Alice détonne à Ferenwood, ce monde éclatant où les couleurs sont révélatrices d’un don magique. L’incolore jeune fille de douze ans n’a donc apparemment aucun intérêt, et les habitants de ce lieu en ont fait une paria. Aussi, lorsque Oliver lui propose de l’aider à chercher son père, la seule personne qui a toujours cru en elle, Alice accepte. Même si le garçon est son ancien ennemi de classe et que son talent consiste à tromper son monde. Même si, pour retrouver celui qui a disparu trois ans plus tôt, ils devront explorer le dangereux pays de l’Ailleurs… Un endroit où rien n’est ce que l’on croit, et où les pièges pullulent. Un endroit où ils trouveront peut-être plus que ce qu’ils sont venus y chercher.



Avis de Cyrlight




Au pays de l’Ailleurs est un roman fantasy signé Tahereh Mafi, auteur notamment connue pour sa saga Insaisissable. On suit cette fois-ci Alice, une jeune fille de douze ans native de la ville de Ferenwood, qui décide après l’échec de sa présentation de partir pour l’Ailleurs en compagnie d’un ancien ennemi, Oliver, dans l’espoir d’y retrouver son père.

C’est avec scepticisme que je me suis lancée dans cette lecture, ayant détesté Insaisissable, mais je tenais quand même à laisser une autre chance à la romancière de me séduire. Ce ne fut pas une mauvaise idée, car malgré un avis en demi-teinte, j’ai tout de même trouvé ce livre plus appréciable.

Son point fort est assurément la créativité et l’imagination de Tahereh Mafi. Elle nous dépeint un monde particulièrement original, haut en couleurs (et en senteurs) à travers de superbes descriptions qui n’ont pas été sans m’évoquer celles de Nicole Vosseler dans Le ciel de Darjeeling. Les cités qui défilent (Somnolence, Inertie, la ville-origami...) sont toutes aussi fascinantes qu’incroyables.

Le personnage d’Alice, assez insupportable dans un premier temps, s’améliore par la suite, de même que celui d’Oliver s’étoffe pour gagner en profondeur. Les rôles secondaires sont cependant plutôt négligés. Ils apparaissent l’espace de quelques pages, mais ne reviennent plus par la suite, ce qui est regrettable, notamment pour Tim. Quand on sait l’importance que revêt le temps en Ailleurs, il est légitime de s’attendre à ce qu’il ait un rôle conséquent, mais non. Il ne fait qu’une brève apparition au début du périple entrepris par le duo principal.

À cause de cela et des décors qui changent sans cesse, on a plus l’impression d’assister à un enchaînement de saynètes qu’à une histoire à proprement parler. L’intrigue est assez longue à se mettre en place (environ un tiers du livre), pour finalement être résolue de manière expéditive dans les dernières pages.

En effet, c’est plus par hasard qu’Alice et Oliver retrouvent la piste de Père que grâce à de véritables recherches, et ce au terme de déambulations qui n’ont pas vraiment de sens, à l’image du monde dans lequel ils évoluent.

Je regrette aussi qu’en plus des personnages secondaires, d’autres éléments n’aient pas été mieux explorés, comme par exemple la promesse d’Alice, qui lui permet de n’être dupée par personne. Ce don semble revêtir une importance particulière dans les premiers chapitres, or il est presque aussitôt balayé dès son arrivée en Ailleurs.

En conclusion, je dirais que c’est un roman original (quoique doté d’un petit air d’Alice au Pays des Merveilles), riche en idées et en créativité, mais dont le potentiel aurait mérité d’être plus exploité. Une fois moins abrupte aurait également été plus plaisante.

lundi 22 juillet 2019

Détective Conan T.3

Titre : Détective Conan T.3
Auteur : Gosho Aoyama
Édition : Kana
Pages : 177
Note : 3.5 / 5
A bord du bateau sur lequel ils partent en vacances, M. Mouri, sa fille Ran, et Conan se rendent vite compte qu’ils sont les seuls véritables touristes sur le navire qui a en réalité été réservé par une puissante famille, les Hatamoto. A la tête de cette famille, un vieux grand-père irascible semble en vouloir à tous les siens, au point de donner des envies de meurtre (et d’héritage, forcément) à la plupart de ceux-ci. Un soir, justement, le vieil homme est retrouvé baignant dans son sang. Tout porte à croire dans un premier temps que Takeshi, tout récemment marié à une fille de la famille (Natsue) et accessoirement issu d’une famille rivale des Hatamoto, est le coupable. Mais Conan, toujours l’œil en alerte, ne se contentera pas de cette supposition…


Avis de Cyrlight



Dans ce troisième tome du manga Détective Conan, Conan, Ran et Kogoro embarquent un peu par hasard à bord d’un bateau privé, qui ne tarde pas à se transformer en théâtre d’une série de meurtres. L’enquête est ouverte, et les déductions avisées du jeune Conan commencent à éveiller les soupçons de Ran.

Une lecture sympathique, à l’instar des deux précédentes, mais sans plus. Les enquêtes m’ont une fois de plus paru relativement simples à résoudre, et l’intrigue principale (celle des hommes en noir) n’a pas du tout été évoquée. Ce tome peut quasiment se lire indépendamment du reste, à l’exception de Ran, qui a des doutes sur la véritable identité de Conan.

Kogoro s’interrogeait déjà au sujet du prétendu garçonnet, et c’est maintenant autour de sa fille de se poser des questions. Ses gestes, son intelligence, sa façon de s’exprimer... Tout lui rappelle Shinichi, au point de croire de plus en plus à cette vérité pourtant improbable.

Dommage que cela soit si vite amené et si vite résolu, car il y avait matière à entretenir un mini-suspens sur un plus long terme. Au lieu de cela, j’ai le sentiment que les enquêtes vont se suivre et se ressembler (façon de parler), sans vraiment rien apporter de neuf. On m’a d’ailleurs mise en garde contre cela quand je me suis lancée dans la lecture du manga.

Enfin, je lirai tout de même quelques autres tomes, à l’occasion, car j’ai toujours beaucoup aimé Détective Conan, mais je n’en fais pas une priorité.

jeudi 18 juillet 2019

Le cachot de la Sorcière

Titre : Le cachot de la Sorcière
Auteur : Joseph Delaney
Édition : Bayard Jeunesse
Pages : 128
Note : 3.5 / 5


Billy Calder, jeune orphelin de 15 ans, est garde de nuit dans une prison hantée par des fantômes. Un soir, chargé de nourrir un mystérieux prisonnier terrorisant les gardiens, Billy dépose dans sa cellule deux seaux remplis de sang et d'os. Avant qu'il ne puisse ressortir, la porte se referme brusquement, le retenant pris au piège. Billy découvre alors avec terreur le visage du prisonnier.





Avis de Cyrlight



Le cachot de la Sorcière est un court roman illustré signé Joseph Delaney, connu pour ses horrifiques sagas jeunesse telles que L’Épouvanteur ou Arena 13. Ici, on fait la connaissance de Billy, un adolescent orphelin embauché pour devenir gardien de nuit dans une prison.

En fidèle lectrice que je suis de cet auteur, je me devais de lire ce livre, et je n’ai globalement pas été déçue. Joseph Delaney, fidèle à lui-même, nous livre une histoire glauque à souhait. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle fait réellement peur, car je n’ai pas vraiment frissonné – et pourtant, je l’ai lue dans le contexte adéquat puisque, ignorant courageusement l’avertissement de la quatrième de couverture, j’ai dévoré ce roman entre une et deux heures du matin –, mais peut-être est-ce parce que je suis désormais trop familière de la plume de M. Delaney pour me laisser effarouchée si aisément.

Ceux qui connaissent L’Épouvanteur reconnaîtront l’atmosphère familière de cette saga. Bien que Le cachot de la Sorcière soit une histoire indépendante, le style, les péripéties et le thème ne sont pas sans évoquer les aventures de Thomas Ward.

Seul défaut que je pourrais trouver à ce livre : il est beaucoup trop court ! À peine une centaine de pages, restreintes par la présence des illustrations (du reste fort réussies, elles nous immergent complètement dans l’univers du château où évolue Billy).

Il y avait assurément matière à faire de cette histoire un roman plus dense et plus développé, en s’attardant sur le quotidien du protagoniste, ses collègues, les divers prisonniers, les fantômes... C’est au final frustrant d’avoir si peu de détails, et la chute arrive de surcroît trop vite.

À ce propos, ne commettez pas la même erreur que moi, dont le premier réflexe est, dès que j’entame une lecture, d’aller lire la dernière phrase. Vous vous spoileriez totalement. Enfin, je comprends que cette conclusion soit si abrupte pour ménager la chute (même si, à cause de ma curiosité, elle a manqué son effet sur moi), mais il n’empêche que j’aurais préféré que l’histoire prenne davantage son temps.

Ce roman est une bonne lecture, parfaite pour initier les jeunes lecteurs au genre horrifique, mais quand on est comme moi une fan inconditionnelle de l’auteur, on en aurait voulu plus !

dimanche 14 juillet 2019

Le retour de l'Oiseau-Tonnerre T.1 : L'Éveil

Titre : Le retour de l'Oiseau-Tonnerre T.1 : L'Éveil
Auteur : Anne Robillard
Édition : Michel Lafon
Pages : 328
Note : 1 / 5
Jeune homme sans histoire, Logan est de plus en plus souvent la proie d'étranges rêves éveillés, semblant issus de quelque lointain passé mythologique, dans lesquels il n'est plus lui-même. Rain, une médium, lui révèle que ce sont des aperçus de ses vies antérieures, qu'il doit à tout prix explorer. Commence alors pour Logan un long et périlleux voyage initiatique à travers les âges du monde, au fil ,de ses vies épiques. C'est ainsi qu'il découvrira sa réelle identité et le destin hors du commun qui l'attend.



Avis de Cyrlight



Le retour de l’Oiseau-Tonnerre : L’Éveil est le premier tome d’une trilogie fantasy signée Anne Robillard. Le héros, Logan, commence brusquement à entrevoir des choses et des gens, qui sont en réalité le souvenir de ses existences antérieures. Rain, une médium, va l’aider à explorer ce passé.

Comment dire cela sans paraître trop catégorique ? Voilà un moment qu’un livre ne m’avait pas laissé une saveur aussi insipide. Le résumé annonçait pourtant de l’originalité : le concept de la réincarnation, l’Atlantide, des retours en arrière aux quatre coins du monde... Eh bien, grosse déception.

Déjà, le protagoniste. J’ai été un peu surprise lorsque j’ai réalisé qu’il s’agissait d’un quadragénaire, étant plus habituée aux personnages adolescents dans les sagas fantasy. Au final, il aurait pu avoir douze ans comme soixante-dix, être une femme ou un enfant, cela n’aurait quasiment rien changé, tant Logan est creux.

On ne s’attache pas à lui, pas plus qu’aux autres. Sa fille apparaît de temps en temps, mais ne sert pas l’intrigue, Rain est plutôt sympathique, mais la plupart de ses conversations consistent à affirmer qu’elle ne peut rien dévoiler au risque de bouleverser l’équilibre des choses, ce qui devient vite frustrant et redondant... Quant à David, il n’est là que pour renvoyer Logan dans ses précédentes incarnations.

Incarnations qui, soulignons-le, se succèdent inexorablement tout au long du livre, comme un fil qu’on déroule. À peine a-t-on le temps de se familiariser avec le décor, les personnages, l’époque... que c’est terminé. Retour dans le quotidien de Logan pour une ou deux scènes triviales, et on repart ensuite dans une autre vie passée.

J’ai eu l’impression de lire une encyclopédie sur le karma, la réincarnation, les vies antérieures... Et encore, je me demande si je n’aurais pas préféré, car une encyclopédie n’aurait pas souffert des défauts inhérents à ce roman.

L’exemple le plus flagrant, c’est la rapidité avec laquelle Logan assimile sa situation. Il a mené pendant plus de quarante ans une vie tout ce qu’il y a de plus banale, il commence à avoir des flashs du jour au lendemain, et en l’espace de quelques pages à peine, cet homme initialement présenté comme terre à terre accepte de croire sans sourciller au concept de vies antérieures. Pire, cela ne choque absolument personne dans son entourage. Que ce soit sa fille, son meilleur ami... Nul ne semble se poser de questions, tout est admis à leurs yeux.

Même la plume de l’auteur n’apporte rien de positif à l’ouvrage. Elle est simple, et d’ordinaire, c’est quelque chose que j’apprécie, mais là, c’est une simplicité telle qu’elle semble totalement dépourvue d’émotion, de chaleur... On ne ressent strictement rien à la lecture, et la construction répétitive du roman n’aide pas à accrocher non plus.

Mon plus gros regret, au terme de ce livre, est d’avoir acheté les trois tomes en même temps, car sur le moment, j’avais l’impression de faire une bonne affaire. Or, je n’ai aucune envie de lire la suite.

lundi 8 juillet 2019

La plage de la mariée

Titre : La plage de la mariée
Auteur : Clarisse Sabard
Édition : Charleston
Pages : 560
Note : 2.5 / 5
Zoé, 30 ans, est en pleine dispute avec sa conseillère Pôle Emploi lorsque sa vie bascule. L'hôpital l'appelle, ses parents viennent d'avoir un grave accident de moto. Son père est décédé sur le coup, sa mère est trop grièvement blessée pour espérer survivre, mais encore assez lucide pour parler. Celle-ci va révéler à Zoé qu'elle lui a menti depuis toujours : l'homme qui l'a élevée n'est pas son véritable père.
Elle donne un seul indice à sa fille pour retrouver son père biologique : "La Plage de la mariée". Zoé va rester quatre mois dans le déni, puis finit par craquer et se décide à partir à la recherche de la vérité. Elle atterrit en Bretagne et se fait embaucher dans une "cupcakerie" tenue par une ancienne psychologue franco-américaine, Alice. Dans ce salon de thé à l'américaine, plusieurs personnages se croisent et voient leurs destins se mêler, tandis que Zoé part à la recherche de son père et tente de comprendre pourquoi sa mère lui a menti durant toutes ces années.


Avis de Cyrlight



La plage de la mariée est un roman féminin signé Clarisse Sabard, qui nous transporte de la Côte d’Azur à la Bretagne. Zoé, juste avant la mort de sa mère, apprend de sa bouche que Zoran, l’homme qui l’a élevée, n’est pas son père biologique. Avec pour seul indice « la plage de la mariée », elle quitte Nice pour le petit village de Saoz, à l’autre bout de la France.

Je vais être franche : je n’ai pas aimé ce livre. Je peux néanmoins comprendre qu’il plaise à certains, parce qu’il n’est pas mauvais. C’est juste que pour moi, ça ne passe pas. Il est trop gentil, trop mièvre, trop... Si c’était un bonbon, je crois que je le décrirais comme étant archi-sucré et plein d’édulcorants. Le genre qui donne tout de suite envie de se brosser les dents.

Même si j’ai une préférence pour les histoires sombres qui finissent mal, il n’est pas rare que je lise – et apprécie – des romans plus joyeux, mais là, ça va clairement trop loin dans la bonne humeur, et surtout, les évènements qui se succèdent dans la vie de Zoé m’ont paru difficilement crédibles.

Arrivée dans une région qu’elle ne connaît pas, dans un village qu’elle connaît encore moins, elle sympathise dès le premier soir avec le propriétaire du kebab local. Le lendemain, elle décroche un travail à Saoz, dans la Cupcakerie d’une femme adorable, qui sera bien plus une amie qu’une patronne, et qui lui permettra presque de se concentrer davantage sur sa vie privée que sur son poste de serveuse...

Évidemment, les clients sont tous gentils, bienveillants, prévenants, les enfants sont très matures pour leur âge... Il n’y a qu’une personne que Zoé ne classe pas dans la catégorie « gens trop sympas qui font presque office de nouvelle famille », aussi quand on apprend que la sœur de sa mère a été assassinée et qu’elle a déjà rencontré le meurtrier, en dépit des efforts de l’auteur pour garder le suspens, je vous laisse deviner de qui il peut bien s’agir...

Beaucoup trop de guimauve, donc, qui fait que j’ai eu énormément de mal à partager les états d’âme de Zoé. Même quand elle traverse des périodes moins joyeuses, qu’elle s’interroge sur les secrets assez noirs qui entourent la mort de sa tante et la fugue de sa mère, je n’ai ressenti aucune détresse, aucune obscurité, parce qu’on rebondit toujours sur quelque chose qui nous sort de la situation dramatique.

Ou, à l’inverse, des situations dramatiques sont créées pour rien, mais avant d’en parler, il faut que j’évoque Nicolas. Le beau, le magnifique, le parfait Nicolas, qui arrive un jour au volant de sa Porsche, après avoir fui sa vie de riche banquier et sa fiancée top model fille d’un ex-champion de F1 pour revenir à une vie plus saine dans un patelin de Bretagne.

Là, Zoé a fini de m’agacer, d’abord avec ses « Non, je refuse d’admettre qu’il me plaît, même s’il me plaît quand même », puis ses « J’ai envie de l’embrasser, mais en fait non, parce qu’il se passe trop de trucs dans ma vie, mais en fait oui »... Sa relation tourne en carré avec Nicolas, et quand elle progresse enfin, évidemment, il faut que Zoé casse tout (car que serait une romance sans sa dose de drama ?). Et on en arrive au sms, qui ne dit absolument rien, mais qui est interprété le plus odieusement possible par Zoé et sa meilleure amie Elsa, alors qu’on sent venir la vérité à plus d’un kilomètre (ou de cinquante pages).

Seul point positif que je relèverai dans ce livre, la plume de l’auteur est fluide et les fréquentes touches d’humour qui ponctuent le texte ont réussi à me faire sourire. Néanmoins, j’ai trouvé qu’il y avait également beaucoup de détails superflus, comme la composition détaillée des menus de Zoé ou de chacune de ses tenues (surtout quand il s’agit de mettre une jupe pour participer à une course en sac...).

En conclusion, je dirais que La plage de la mariée n’a tout simplement pas été une lecture pour moi. Je vais sûrement avoir besoin d’une bonne dose de sang, de souffrance et de tragédie pour m’en remettre, mais si vous aimez les histoires mièvres et guimauves, ne vous en privez pas.